Douleur à la jambe : quand une patiente évite le pire

Marc Sarfati est médecin généraliste à Paris depuis plus de quarante ans. Un après-midi, alors qu'il est en consultation à son cabinet, il reçoit un coup de fil d'une patiente. C'est Elda, une vieille italienne "un peu grande gueule".

Il la connaît bien : elle est gardienne d'un immeuble situé à deux pas du cabinet. "C'est quelqu'un avec qui je m'étais lié d'amitié en 1987, qui ne se laissait pas marcher dessus facilement", raconte le médecin dans Symptômes.

Au téléphone, elle décrit une douleur intense à la jambe. "En tant que généraliste, je sais que les mots ont un poids différent selon la personne qui les emploie." Il est intrigué : Elda n'appelle jamais, et n'est pas du genre à se plaindre. Marc Sarfati et sa stagiaire Farida n'hésitent pas : ils laissent la salle d'attente ouverte, et se rendent chez Elda.

Une pathologie inattendue

"Au moment de quitter le cabinet, je n'ai pas d'inquiétude particulière : je me dis qu'on va trouver le diagnostic et la soulager, la situation n'est pas différente de d'habitude", explique Marc Sarfati. Mais en arrivant chez sa patiente, le docteur Sarfati la trouve "différente. D'habitude, elle était souriante. Là, son faciès était douloureux."

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Il prend les pouls au niveau des jambes et du pied douloureux. "J'écoute son artère, et j'entends un souffle fémoral. Cela signifie que la circulation du sang n'arrive pas jusqu'à la cheville, ce qui explique cette douleur", détaille Marc Sarfati.

Si je l'envoie aux urgences sans confirmer le diagnostic, elle peut attendre plusieurs heures, et ce sera peut-être trop tard

Marc Sarfati

Elda souffre d'une ischémie aiguë : le flux sanguin qui parcourt sa jambe a été brutalement interrompu. Si rien n'est fait, Elda risque l'amputation. "Mais si je l'envoie aux urgences sans confirmer le diagnostic par une radio, elle peut attendre plusieurs heures, et ce sera peut-être trop tard, car les tissus de la jambe ne pourront pas être regénérés."

Le médecin appelle un ami radiologue : par chance, ce dernier est disponible. Il faut maintenant transporter Elda jusqu'au cabinet de radiologie, situé à un kilomètre. Marc Sarfati ne peut pas l'emmener sur sa moto, et n'a pas de voiture. Il appelle tous les ambulanciers qu'il connaît : aucun n'est disponible. C'est alors qu'ils reçoivent une aide inattendue de la part de Samir, l'épicier situé juste en face…

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