Le diesel n'a plus vraiment la cote auprès des automobilistes français. Si ce type de motorisation représentait près de trois-quart des ventes de voitures en 2012, cette part est tombée à 40% six ans plus tard. Un désamour qui se traduit aussi par une baisse de la valeur des diesels d'occasion.
Depuis la fin des années 1980, la voiture diesel bénéficiait pourtant d'un traitement de faveur dans les médias. Produit "made in France" soutenu par les pouvoirs publics, ce carburant a longtemps été mis en avant pour son prix, ses performances et son moindre impact écologique.
Mais le discours politique et les mentalités ont changé. Pour justifier la hausse des taxes sur le gazole, le gouvernement évoque désormais l'impact de la pollution de l'air sur la santé des Français. "Les mêmes qui râlent sur la hausse du carburant réclament aussi qu'on lutte contre la pollution de l'air parce que leurs enfants souffrent de maladies", soulignait ainsi Emmanuel Macron le 4 novembre dernier.
Mais de quoi parle-t-on exactement lorsqu'on évoque ces dangers ? Tour d'horizon des polluants toxiques et de leurs effets sur notre santé.
Premier danger pointé : les particules fines émises par les diesel, y compris par les modèles les plus récents équipés de filtres à particules (FAP).
À cet égard, une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) indique que les filtres permettent de réduire de 90 % les émissions de particules fines. Mais leur efficacité fait toujours débat. Selon Thomas Bourdrel, radiologue et fondateur du collectif Strasbourg Respire interrogé par France Info, même les filtres les plus performants laissent encore passer les particules les plus fines.
La nocivité de ces particules est notamment due aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des composés que l'on retrouve à leur surface.
En 2016, elles ont entraîné 48.000 morts prématurées dans l'Hexagone, selon l'organisme Santé publique France. "Elles pourraient contribuer à environ 10% des cancers des poumons dans les grandes agglomérations françaises", détaille le Dr Valérie Lecureur, chercheuse à l'Inserm dans le magazine Sciences et Avenir. Depuis juin 2012, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) classe d'ailleurs le diesel comme "cancérigène certain pour l'homme".
En s'introduisant dans le système respiratoire, ces particules peuvent entraîner très rapidement une gêne passagère (toux, yeux qui piquent), une aggravation de l'asthme ou des maladies respiratoires. Elles peuvent aussi pénétrer la circulation sanguine, augmentant ainsi les risques cardio-vasculaires (infarctus, angine de poitrine...). À long terme, elles représentent également un risque pour les femmes enceintes et la santé du foetus.
Enfin, les particules fines sont soupçonnées de favoriser l'apparition de maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson, bien que le lien entre ces deux données n'ait pas encore été totalement explicité.
Parmi les autres substances polluantes, les oxydes d'azote (NOx) sont des gaz émis lors de la combustion et tout particulièrement rejetés par les moteurs diesel. L'un de ces gaz, le dioxyde d'azote (NO2), est d'ailleurs au cœur du "dieselgate", le scandale qui a révélé la fraude de plusieurs constructeurs automobiles aux tests antipollution.
En France, les seuils d'alerte du dioxyde d'azote sont régulièrement dépassés. Or, les conséquences de cette pollution sur notre santé sont édifiantes. "Le NO2 peut représenter un facteur de risque dans l'augmentation de la mortalité observée au cours d'épisodes de pollution.
D'autres travaux ont évoqué son rôle dans le développement de maladies
cardiovasculaires chroniques telles que l'insuffisance cardiaque", détaille le Dr Valérie Lecureur. En France, ce gaz a entraîné 35.800 morts prématurés en 2015, selon un rapport de l'Agence européenne pour le développement (AEE).
Autre gaz polluant : l'ozone troposphérique (O3), responsable de 1.800 décès prématurés en France. Un composant particulièrement irritant pour les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes sensibles, associé à une augmentation des crises d'asthme et des hospitalisations pour maladies respiratoires et cardio-vasculaires.
À ces substances toxiques s'ajoutent aussi les gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. Si un véhicule diesel consomme généralement moins qu'un véhicule essence (6,07 litres pour 100 km contre 7,31 selon les données du ministère de la Transition écologique), cela ne veut pas forcément dire qu'il émet moins de CO2.
Il faut en effet prendre en compte le poids des véhicules. Or, selon Jérémie Almosni, chef du service Transport et mobilité de l'Ademe interrogé par France Info, "les véhicules diesel dans notre parc routier sont souvent plus
lourds, et finissent donc par consommer autant, voire davantage que les
véhicules essence".
Dans un rapport publié en octobre dernier, les scientifiques du Giec alertaient sur les conséquences d'un réchauffement des températures au-delà de 1,5°C. De l'extinction d'espèces à la montée des eaux en passant par les vagues de chaleurs, les effets attendus sont à la fois multiples et alarmants.