Le président russe Vladimir Poutine a annoncé ce mardi 11 août que son pays avait mis au point un vaccin contre la Covid-19. Une nouvelle à prendre avec des pincettes si l'on en croit l'infectiologue Anne-Claude Crémieux.
"Comme tout le monde, on ne sait pas exactement l'efficacité de ce vaccin et son innocuité puisque nous n'avons pas eu accès aux données scientifiques", explique à RTL la médecin de l'hôpital Saint-Louis (Paris). La technologie utilisée consiste à utiliser "un autre virus qui sert de vecteur à la partie du coronavirus qui va déclencher la réponse immunitaire et protectrice". Une méthode déjà employée par d'autres groupes industriels.
"Sur le plan technologique, ce n'est pas une aberration", souligne Anne-Claude Crémieux qui note en revanche le caractère "inhabituel" du fait que les données scientifiques n'aient pas été rendues publiques. "On a l'impression qu'au fond, ils vont sauter une phase [...] où le vaccin est administré à plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de personnes, et où l'on compare ce groupe vacciné à un groupe non-vacciné pour faire réellement la preuve de l'efficacité du vaccin", conclut la professeure.
La Chine, elle aussi, développe actuellement un vaccin contre le coronavirus par l'intermédiaire de ses laboratoires Sinovac et Sinopharm. Le "Coronavac" est actuellement en phase 3. Il s'agit de la dernière étape des essais cliniques avant que le vaccin puisse être homologué. Aux Emirats Arabes Unis, 15 000 personnes devraient tester le produit dans les prochains mois.
L'Indonésie a également annoncé, ce mardi 11 août, qu'elle testerait le candidat-vaccin sur 16000 volontaires. Si les essais s'avèrent concluants, les autorités indonésiennes ont d'ores et déjà prévu de produire jusqu’à 250 millions de doses.
"C'est un vaccin beaucoup plus traditionnel avec un virus inactivé", précise Anne-Claude Crémieux. Pour faire simple, la méthode consiste à injecter une forme inerte du virus, dont la capacité d'infection a au préalable été supprimée en laboratoire.
Le vaccin américain, développé par l'entreprise Moderna, se base sur une "technologie tout à fait nouvelle qui repose sur l'ARN dit messager", explique Anne-Claude Crémieux. Concrètement, il s'agit d'injecter une partie du code génétique de la Covid-19. L'ARN messager est censé amener le corps à produire une protéine spécifique, puis des anticorps permettant de se prémunir face au virus.
Là encore, le vaccin est en phase 3 depuis fin juillet. Plus de 30 000 volontaires devraient se faire administrer le candidat dans les prochains mois. À noter que le vaccin de Moderna est directement subventionné par le gouvernement des États-Unis, à hauteur d'1 milliard de dollars. 4,5 millions de doses ont d'ores et déjà été pré-commandées par la Suisse.