La parole se libère dans le secteur hospitalier, après les accusations d'une infectiologue sur les agissements d'un urgentiste "prédateur" sexuel. Selon des professionnels, il y perdure un climat favorable aux violences sexistes et sexuelles ainsi qu'une tradition d'omerta.
Dans une enquête de Paris Match publiée mercredi, Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, a accusé le médiatique urgentiste Patrick Pelloux de "harcèlement sexuel et moral".
En octobre, elle avait déjà décrit dans un livre - à l'époque sans donner son nom - le "regard concupiscent, les mains baladeuses" et le "comportement empreint de domination" de ce médecin sénior, dont la réputation était déjà "bien établie". Patrick Pelloux a lui assuré dans Paris Match n'avoir "jamais agressé personne" mais reconnu avoir été "grivois" dans le passé.
Le syndicat des internes des hôpitaux de Paris a lancé ce 12 avril un appel à témoignages. Ils se multiplient déjà sur les réseaux sociaux sous le hashtag #Metoohopital. "Depuis 48h, les témoignages affluent", confirme Kahina Sadat, vice-présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine (Anemf). "Ce n'est pas une surprise", dit-elle.
Une enquête de l'Anemf, réalisée en 2021, montrait déjà l'omniprésence de ces violences : 38,4% des étudiantes en médecine disaient avoir subi du harcèlement sexuel pendant leurs stages hospitaliers, 49,7% des "remarques sexistes", et 5,2% des "gestes déplacés", entre mains aux fesses, attouchements et autres "gestes sexuels".
La plupart se taisent car "à l'hôpital, il y a une forte omerta", des équipes soudées qui parfois "exercent une forte pression pour que rien ne sorte" et "des directions qui parfois couvrent ces agissements", explique Pauline Bourdin, représentante de la Fnesi, le principal syndicat des étudiantes infirmières, qui avait aussi mené une enquête en 2022. Étudiantes ou professionnelles craignent pour leur carrière.
La médecine souffre "d'une culture carabine" qui "banalise le sexe pendant les études" et "expose à un humour sexiste", commente Florie Sullerot, présidente de l'Intersyndicale nationale des internes de médecine générale (ISNAR- IMG). Dans certains internats, les étudiants mangent devant des fresques obscènes, pouvant représenter "jusqu'à des scènes de viol", décrit-elle. S'ajoute une "forte hiérarchie", qui place généralement le pouvoir entre les mains des hommes. L'ensemble crée "un climat favorable" aux violences, même si la féminisation de la profession "libère" progressivement la parole.
Mais "l'hôpital est le reflet de la société" et les violences "s'y exercent comme ailleurs", souligne le Dr Rachel Bocher, psychiatre et présidente de l'intersyndicale de praticiens hospitaliers INPH. Elle assure ne pas recevoir à ce jour "de vague ou de montée des plaintes".
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