Les chiffres sont absolument sidérants : aujourd'hui, 30% des Français souffrent d'une allergie, dans les années 70, il n'y en avait que 3%, 8% en 2000. Et ça ne va pas s'arranger parce qu'à l'horizon 2050, la moitié de la population sera concernée selon l'Organisation mondiale de la santé. D'ailleurs, l'OMS classe l'allergie quatrième maladie dans le monde après le cancer, les pathologies cardiovasculaires et le sida.
Au premier rang des allergies, il y a les allergies respiratoires, déclenchées par de la poussière, des poils d'animaux, des moisissures et bien sûr, du pollen. Nous sommes en plein dedans avec l'arrivée du printemps et son cocktail de pollens allergisant provenant de bouleaux, cyprès, chênes et graminées. Ce jeudi matin, selon le Réseau de surveillance aérobiologique, une quinzaine de départements, principalement en Bretagne, Pays-de-Loire et dans le Sud, sont en rouge. Éternuements en continu, larmoiements, nez qui coule, gorge qui gratte, grosse fatigue... Ce sont les symptômes de la rhinite, l'allergie respiratoire la plus répandue, 25% des Français en souffrent.
Plusieurs explications à cette hausse des allergies. La première repose sur l'existence d'un lien entre l'exposition aux microbes durant la toute petite enfance et les réactions allergiques, c'est ce qu'on appelle la théorie hygiéniste. En fait, au fil des années, notre mode de vie s'est de plus en plus aseptisé. On fait très attention, par exemple, à élever les bébés à l'abri des microbes, ce qui est très bien évidemment pour prévenir les risques infectieux, mais cela augmente le risque de développer une allergie, comme l'explique le Dr Sophie Silcret-Grieu, allergologue, membre de l'association Asthme et Allergies.
"Quand très très jeune, le système immunitaire n'a pas besoin de se défendre contre des microbes dangereux, il a tendance à déclencher des réactions de défense contre ce qui est inoffensif dans notre environnement, comme des acariens, des pollens ou des poils d'animaux. Et il est vraisemblable que cette moindre exposition aux microbes dans la petite enfance favorise les tendances à devenir allergiques", dit-elle. Les études scientifiques le prouvent, les enfants élevés à la campagne ou à la ferme ont moins d'allergies que les petits citadins.
Le réchauffement climatique joue également un rôle dans cette augmentation des cas parce qu'avec la hausse des températures, la saison des pollens est plus précoce, elle dure plus longtemps, elle est plus intense. Le Réseau de surveillance aérobiologique a comparé la courbe des températures et la courbe de quantité de pollens présente dans l'air. Et on voit que depuis 30 ans, elles augmentent en même temps.
Et puis, à cause du changement climatique, certaines plantes aux pollens très allergisants poussent aujourd'hui dans des régions d'où elles étaient totalement absentes. C'est le cas par exemple de l'ambroisie, cantonnée autrefois à la vallée