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Une "coexistence exigeante" : quelles sont les relations entre Emmanuel Macron et Michel Barnier ?

Depuis la nomination du Premier ministre, Emmanuel Macron et Michel Barnier parlent d'une "coexistence exigeante" et non d'une cohabitation. Au lendemain d'une censure du gouvernement, quelles relations ont entretenu les deux hommes politiques ?

Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Michel Barnier lors des commémorations du 106e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, à ​​Paris, le 11 novembre 2024.

Crédit : Ludovic MARIN / POOL / AFP

POLITIQUE - Gouvernement Barnier : pourquoi ne parle-t-on pas de cohabitation ?

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Charlotte Tres

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Michel Barnier devient le premier chef de gouvernement censuré depuis Georges Pompidou en 1962. Il a remis sa démission, ce jeudi matin 5 décembre à l’Élysée, à Emmanuel Macron. Une motion de censure menée par La France Insoumise et le Rassemblement national, votée à une large majorité de 331 députés, a permis de destituer le Premier ministre. Dans ce contexte d'instabilité politique et a quelques jours de la nouvelle année, le chef de l'État doit s'exprimer à 20 heures.

À peine rentré d'Arabie Saoudite où il était en visite d'État, Emmanuel Macron avait pourtant appelé à ne "pas faire peur aux gens" en évoquant des risques de crise financière si le gouvernement de Michel Barnier était effectivement renversé, en plein débat budgétaire. "On a une économie forte. La France est un pays riche, solide, qui a fait beaucoup de réformes et qui les tient, qui a des institutions stables, une Constitution stable", avait exhorté le président.

"Ce n'est pas mon gouvernement, je n'ai choisi personne"

Dès sa nomination, Michel Barnier a voulu s'affranchir du président, malgré le fait qu'il tire sa légitimité de ce dernier. Contrairement à ce qu’il avait sous-entendu lors de sa nomination en septembre, le Savoyard ne se sent pas lié par la politique économique d’Emmanuel Macron. Un avis que le président lui rendra en critiquant le gouvernement, estimant qu’il ne reflétait pas l’unité nationale. Les membres de son entourage décrivaient un président de la République "un peu amer" et "très énervé par le casting". "Ce n'est pas mon gouvernement, je n'ai choisi personne", tenait à souligner le locataire de l'Élysée. À commencer par Astrid Panosyan-Bouvet, dont il juge l'arrivée au gouvernement "lamentable" en coulisses, ou encore Bruno Retailleau à l'Intérieur et Annie Genevard à l'Agriculture. Le Premier ministre avait quant à lui assuré que "le président allait présider et le gouvernement gouverner".


Emmanuel Macron avait promis de se tenir plus en retrait et de ne plus superviser la politique gouvernementale, se consacrant principalement à ses ministres dédiés aux affaires extérieures. Il n’échange qu’avec une poignée de ministres : Jean-Noël Barrot, Sébastien Lecornu, et Benjamin Haddad pour l’international, et Maud Bregeon pour veiller à la bonne communication de ses messages. Après la nomination de Michel Barnier, peu de macronistes croyaient à un réel éloignement de Macron, mais certains observent qu’il joue habilement la distance, laissant son Premier ministre gérer la situation difficile liée au budget.

Un projet de loi de finance 2025 qui provoqua la chute du Gouvernement

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Dans le projet de loi de finance 2025, Michel Barnier a remis en question deux principes essentiels des macronistes : la stabilité de la fiscalité des entreprises et des ménages, ainsi que les exonérations de cotisations patronales. Des décisions qui ont fait réagir le clan présidentiel. "Sur le plan économique, un tournant a été pris", avait déploré le député Renaissance Charles Sitzenstuhl, dans les colonnes du Monde : "l’État refait casquer les entreprises". Si certains députés Les Républicains ont reproché à Michel Barnier de ne pas rompre suffisamment avec le macronisme, la remise en cause de ces deux fondamentaux est considérée comme une hérésie aux yeux des macronistes, car cela aurait selon eux pour effet de ralentir la croissance et de détruire l’emploi.

La hausse des impôts était l'un des premiers désaccords entre le Président et son Premier ministre. Une volonté exprimée par celui qui a été le négociateur en charge du Brexit, mais très vite désapprouvée par Emmanuel Macron. Ce dernier s'était exprimé lors d'une exposition à l'Élysée de 120 entreprises emblématiques du "Fabriqué en France" : "Il y a une bataille de cohérence et une bataille macroéconomique. Tout cela, ce n'est pas possible si on monte les impôts, on monte le coût du travail et qu'on pense qu'on règle les problèmes de déficit public en revenant totalement sur une cohérence de politique macroéconomique".

"Le grand international, c’est pour le président, Barnier n’y mettra pas un orteil"

Sur la scène européenne, Michel Barnier a pris des initiatives marquantes. Le 12 septembre, peu après sa prise de fonction, il avait déclaré qu'il n'y avait pas de domaine réservé, mais des "domaines partagés" entre le président et le Premier ministre. Des paroles qui se sont concrétisées en rattachant le ministre délégué aux Affaires européennes, Benjamin Haddad, à Matignon. Son déplacement à Bruxelles le même jour qu’Emmanuel Macron, alors que ce dernier y était défavorable, a continué d'accentuer la volonté de Michel Barnier d'affirmer son indépendance. Selon des informations du Parisien, il comptait réunir tous les Français qui travaillent dans les institutions européennes et convier les eurodéputés nationaux de tout bord à Matignon.

"Le grand international, c’est pour le président, Barnier n’y mettra pas un orteil. La zone de friction, c’est l’Europe", constate un expert en diplomatie française. Un jeu de rôle une fois de plus illustré, le 13 novembre, tandis que Michel Barnier rencontrait Ursula von der Leyen à Bruxelles, Emmanuel Macron participait à une table ronde à Paris sur la compétitivité européenne.

S'agissant de la proposition d'Emmanuel Macron de nommer Stéphane Séjourné à la Commission européenne sans consulter son Premier ministre au préalable, cela avait mis en évidence la volonté de Macron de garder le contrôle sur les affaires européennes, un domaine qu'il considère comme étant de son ressort, malgré les tentatives de Barnier de le partager.

Après trois mois de "coexistence exigeante", les relations entre Emmanuel Macron et Michel Barnier sont restées cordiales malgré des mésententes. Un retour à la case départ, aujourd'hui, pour le président de la République qui doit désormais décider de la suite du calendrier

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