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"Si ça ne passe pas, c'est fini pour nous" : Lecornu combatif, ministre "inquiet"... Le récit de la journée de la dernière chance pour le vote du budget de la Sécu

Sébastien Lecornu s'est adressé aux députés pour les alerter des conséquences de l'absence d'un budget pour la Sécurité sociale, ce jeudi 4 décembre. Les élus doivent se prononcer sur la partie "recettes" du PLFSS. Si elle est rejetée, c'est tout le texte qui tombe et sans doute la fin de ce gouvernement.

Sébastien Lecornu, à l'Assemblée nationale, le 4 décembre 2025

Crédit : Quentin de Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

"Si ça ne passe pas, c'est fini pour nous" : Lecornu combatif, ministre "très inquiet"... Le récit de la journée de la dernière chance pour le vote du budget de la Sécu

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Arthur Bellier & Marie-Pierre Haddad

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L'absence de budget pourrait mener à "une perte de contrôle totale du pilotage de la Sécurité sociale". C'est l'avertissement lancé par Sébastien Lecornu aux députés, ce jeudi 4 décembre. Le Premier ministre a tenté un ultime électrochoc, au moment où l'examen du budget de la Sécurité sociale pourrait s'achever sur un échec dans les heures qui viennent.

À l'Assemblée nationale, les députés se prononceront donc a priori dès ce jeudi soir sur la partie "recettes" du budget de la Sécurité sociale. Si elle est rejetée, c'est tout le texte qui tombe et c'est sans doute la fin de ce gouvernement. "Si ça ne passe pas, c'est fini pour nous", confiait à RTL un ministre impliqué dans les négociations et qui se dit "très inquiet". 

Comment ce volet du PLFSS pourrait-il être adopté ? "À chaque fois qu'on tire d'un côté, ça bouge de l'autre", résume un ministre. Ce jeu de tir à la corde entre les socialistes et la droite va se tendre toute la soirée, avec Sébastien Lecornu en équilibriste. Les sujets de crispation sont multiples : franchises médicales, taxes sur les mutuelles, taxes sur l'épargne... Cela s'annonce donc très serré et à l'Assemblée nationale, les députés anticipent toutes les stratégies possibles, sans savoir de quel côté la pièce va tomber.

30 milliards d'euros de déficit faute de nouveau budget

Afin d'échapper à un rejet du texte, Sébastien Lecornu a mouillé la chemise : le Premier ministre a annulé tous ses rendez-vous du jour. Il est au banc de l'hémicycle pour mettre la pression sur les députés. "Mesdames et messieurs les députés, vous avez critiqué le 49.3 pendant des années et au moment où nous le laissons tomber, vous continuez de critiquer. Vous ne souhaitez être responsables de rien", a-t-il lancé aux élus.

Invité de RTL, le constitutionnaliste Benjamin Morel assure qu'"actuellement, il n'y a pas de majorité arithmétique pour voter ce budget, sans l'article 49.3 de la Constitution". "Il y a un moment où il n'y a plus vraiment de solution. Le 49.3 permet potentiellement de faire passer un budget. Quant aux ordonnances, qui sont plus dures qu'un 49.3, elles sont aussi exclues, mais ça permet d'obtenir un budget", ajoute-t-il. 

Selon lui, "en excluant tous ces dispositifs, à grand renfort de grandes phrases et de communication, on rend leur usage nécessaire demain, mais encore plus compliqué". "C'est donc reculer pour mieux sauter, mais reculer avec des obstacles que l'on se rajoute sur la route", conclut-il.

"Les jours du gouvernement Lecornu sont menacés"

Dans la foulée de sa prise de parole, le locataire de Matignon a aussi fait distribuer à tous les élus un document qui chiffre à 30 milliards d'euros de déficit l'absence de budget de la Sécurité sociale. Sébastien Lecornu a aussi multiplié les allers-retours dans les travées à côté de l'hémicycle pour passer des coups de fil, négocier en direct avec des députés et tenter à tout prix de trouver la très étroite voie d'atterrissage. 

L'heure de vérité est-elle donc arrivée pour Sébastien Lecornu ? Selon Benjamin Morel, "il sera très compliqué pour lui de rattraper les choses si jamais la première partie du PLFSS est rejetée". Dans ce cas, il reste néanmoins des voies possibles en redemandant à l'Assemblée une délibération "pour tenter de jouer sur de nouvelles bases", précise le constitutionnaliste à RTL. 

Mais "il est très clair que les jours d'un gouvernement Lecornu seront plus que jamais menacés", ajoute-t-il. Le Premier ministre aura "deux choix", comme le détaille Benjamin Morel, "soit il démissionne, soit il reporte l'examen budgétaire au début de l'année prochaine, en espérant que la situation se soit décantée". "Mais actuellement, je vois mal ce qui pourrait fondamentalement changer d'ici au mois de janvier", conclut-il.

Les sénateurs ont largement adopté cet après-midi la partie "recettes" du budget de l'État. Un texte qu'ils ont largement remanié supprimant plusieurs milliards d'euros de hausse d'impôts comme la surtaxe sur les grandes entreprises.

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