À quoi sert vraiment le Service national universel ? Le gouvernement a lancé, le 21 octobre, la seconde phase du SNU. Après les premiers tests avec 2.000 volontaires, l’objectif est maintenant de recruter 30.000 nouveaux jeunes d’ici l’été prochain. Les premiers à l'avoir testé ont apprécié l’expérience, mais il est permis d'avoir des doutes sur la généralisation du dispositif.
Il s'agissait au départ d'une promesse présidentielle faite en mars 2017 : toute une génération, soit 800.000 jeunes, fera un service militaire d’un mois. Mais la réalité a vite rattrapé le candidat, devenu entre-temps chef d'État. Deux ans et demi après son élection, et pas mal de rapports et d’études plus tard, 2.000 jeunes ont donc essayé ce qu'on a appelé le Service national universel. Heureusement, ces cobayes volontaires ont apprécié l’expérience.
"C’est normal, ils sont volontaires", me direz-vous. Ce qui est plus intéressant, c’est de voir qu’ils ont surtout aimé le côté rencontres, bien plus que les activités proposées. Passer du temps avec des jeunes de son âge, privé de téléphone portable, c’est sympa. Avant, on avait des amis de régiment, maintenant on aura des copains et des copines de SNU.
L’idée du SNU, doit aussi permettre de détecter l’illettrisme, de faire des tests de santé, de passer le code du permis de conduire, d’apprendre les gestes de premiers secours ou à se protéger en cas d’attentats.Si on reprend cette liste, on espère qu’aujourd’hui l’école obligatoire jusqu’à 16 ans arrive à détecter ceux qui ne savent pas lire.
Sur le plan médical, le gouvernement vient d’adopter une très bonne idée en rendant 20 consultations obligatoires entre 0 et 18 ans, pour faire de la prévention. Normalement, il n’y aura plus besoin d’une consultation supplémentaire au SNU. De la même manière, le code de la route ou les gestes de premiers secours pourraient être acquis à l’école.
Je ne vous parle même pas du civisme, c’est dans les programmes scolaires. Et si c’est pour que les jeunes s’engagent, il y a déjà le service civique qui marche très bien. Vous voyez, le but premier du SNU n’est en fait pas si évident que ça.
Il a plutôt une valeur symbolique, certainement, et très politique. Le Service national universel part quand même de quelques clichés. L’idée, par exemple, que la jeunesse n’a plus envie de rien et ne respecte plus rien, que se lever tôt et respecter une discipline ne leur fera pas de mal.
En fait, pour l’instant, en forçant à peine le trait, le SNU ressemble plus à un stage découverte pour le recrutement de pompiers, de policiers ou de militaires. C’est bien, mais quand ça sera obligatoire, ceux qui seront forcés de s’engager pour une cause en auront peut-être beaucoup moins envie.
Quand vous regardez le budget accordé l’année prochaine au SNU, 30 millions d’euros pour arriver à environ 30.000 volontaires, on devrait atteindre un coût exorbitant, entre 1 et 2 milliards d’euros selon les calculs, pour avoir les 800.000 jeunes d’une génération d’ici 2022, 2023 ou 2026. Je ne doute pas de l’attachement d’Emmanuel Macron à sa promesse de campagne, mais entre son coût et son efficacité, le Service national universel ne sera probablement jamais universel.
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