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Un thermostat permet jusqu'à 15% d'économies de chauffage, selon l'Ademe.
Crédit : SEBASTIEN LAPEYRERE / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Le gouvernement a bien failli imposer à tous les foyers, d'ici le 1er janvier 2027, un thermostat connecté sur chaque radiateur. Le ministre de l'Économie, Roland Lescure, a annoncé le décalage de la mesure "à 2030", afin de "laisser plus de souplesse aux ménages et aux professionnels pour s'équiper".
L'idée semblait simple et louable : réduire la consommation d’énergie. Après tout, l'État a déjà tenté de nous encourager à enfiler des cols roulés en hiver ou à couvrir nos casseroles pour consommer moins. Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. Et ça dérape quand la décision est prise de rendre les thermostats obligatoires.
Comme souvent, la pente est glissante. Le projet bascule le jour où il devient une obligation. Alors même qu’il n’existe aucun besoin réel de contraindre les ménages, l’incitation financière, autrement dit la perspective de réduire sa propre facture, est déjà un moteur suffisamment puissant. L’État veut faire notre bonheur malgré nous, quitte à nous imposer des dépenses supplémentaires.
Pris de scrupules, il fabrique alors un dispositif d’aide pour compenser cette contrainte. Un système complexe, confus, et, comme souvent, propice aux fraudes. Avant de se raviser. Dans un éclair de lucidité, le gouvernement finit par abandonner le projet.
Ce scénario n’est pas une exception. Il incarne au contraire une mécanique bien connue des politiques publiques françaises. Et les exemples abondent.
Le diagnostic de performance énergétique en est un premier. Pour éviter aux locataires de factures trop élevées, l’État décide d’interdire à la location les logements les moins bien notés. Résultat : une chute immédiate du nombre de biens disponibles dans le privé. Les locataires n’arrivent plus à se loger, la rotation dans le parc social se grippe, et ceux que l’on voulait protéger se retrouvent en première ligne.
Le blocage des loyers illustre le même paradoxe. Pensé pour soulager les ménages dans les zones tendues, il incite les propriétaires à retirer leurs biens du marché, puisqu’ils ne peuvent plus fixer librement les prix. Et là encore, ce sont les ménages qui trinquent.
Le bonus réparation, censé encourager la réparation plutôt que le remplacement des appareils électroménagers, a lui aussi produit l’effet inverse. Certains réparateurs ont augmenté leurs tarifs, profitant du fait que leurs clients allaient être subventionnés. L’aide pousse les prix à la hausse, et la facture finale, encore une fois, revient au consommateur.
Ces exemples posent une question fondamentale : l’État intervient-il trop, ou intervient-il mal ? La réponse est double. La puissance publique veut tout réglementer, tout encadrer, tout compenser. Cette omniprésence entretient, chez les citoyens, une demande croissante d’aide permanente. À chaque difficulté rencontrée, nous estimons naturel d’être indemnisés, qu’il s’agisse de particuliers, d’entreprises ou de collectivités. Comme si l’État devait jouer le rôle d’assureur universel.
Mais cette même puissance publique échoue souvent à anticiper les conséquences de ses décisions. Elle ne tient compte que de l’effet immédiat, jamais de ce qui découlera ensuite. Le philosophe Frédéric Bastiat l’avait formulé avec une clarté qui résonne encore aujourd’hui : "Entre un bon et un mauvais économiste : l’un s’en tient à l’effet visible, l’autre tient compte de l’effet qu’on voit et de ceux qu’il faut prévoir". Un conseil que l’État aurait sans doute intérêt à relire.
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