Un élan de solidarité continu. Depuis le lancement du mouvement massif pour contester la réforme des retraites, nombreux sont les salariés à s'être mis en grève. Pour eux, la mobilisation a un coût financier très important qui pourrait être dissuasif, notamment pour ceux mobilisés depuis le 19 janvier. Les caisses de grèves qui permettent de les soutenir grâce aux dons de particuliers redoublent de succès depuis le début de la mobilisation et encore davantage depuis l'utilisation du 49.3.
La CGT, qui vient d'élire à sa tête Sophie Binet, qui remplacera le secrétaire général Philippe Martinez, a récupéré près de 1,7 million d'euros selon le dernier comptage ce vendredi 31 mars, avec plus de 22.000 donneurs. Autre cagnotte particulièrement alimentée : celle de la France insoumise affiche également des sommes jamais vues auparavant avec plus de 800.000 euros collectés.
Mais le record est détenu par la Caisse de solidarité, première association de ce genre en France, qui se donne pour but de venir en aide à toute personne en grève reconductible ou victime de discrimination. Elle a collecté pour l'heure plus de 3,2 millions d'euros pour cette campagne. Ainsi, depuis sa création en 2016, près de la moitié des 7 millions d'euros collectés par le dispositif ont été reçus en seulement trois mois, depuis le début de mobilisation contre la réforme des retraites.
De son côté, la CFDT fournit une prestation de grève qui s'élève à 7,70 euros de l'heure pour les salariés à temps plein. Elle permet ainsi de compenser la perte de salaire des grévistes adhérents au syndicat depuis plus de six mois et son financement est assuré par les cotisations syndicales. Au-delà des cagnottes nationales, d'autres sont organisées à un niveau local et sont alimentées par des dons sur internet et lors des manifestations.
"On constate qu'elle a pris une ampleur inédite et on recense plus de 400 demandes pour aider un peu partout en France, notamment sur les luttes récentes", explique Julie Garnier, la conseillère régionale LFI d'Île-de-France chargée de gérer le fonds. Sur ces 400 bénéficiaires, les grévistes du RER A à la RATP, viennent de recevoir un chèque de 20.000 euros. De même, des salariés de GRDF ont reçu 5.000 euros en Seine-et-Marne.
Avec de telles sommes récoltées, les salariés s'interrogent sur le profil des donneurs. "C'est tout le monde qui donne", affirme Julie Garnier. "Ce sont des personnes qui peuvent donner 10 euros comme des milliers d'euros en une fois. On a de tout, ce ne sont pas des adhérents, des militants. Ce sont des personnes qui ne veulent pas se taire, et c'est le plus important", précise-t-elle.
RTL est notamment allée à la rencontre de Jean-Paul, ancien prof de maths qui vit avec une pension de retraite de 1.800 euros, et qui a fait un don de 6.000 euros pour les grévistes de la CGT. "Il faut les soutenir financièrement pour que ça dure, pour gagner, pour que Macron cède", avait-il confié.