Il ne manquait plus que l'officialisation. Lors de son allocution du 9 novembre, Emmanuel Macron a posé les premiers jalons d'une candidature pour l'élection présidentielle de 2022. Après avoir annoncé une série de mesures sanitaires pour affronter la cinquième vague de coronavirus, le président s'est rapidement concentré sur le bilan de son action, que ce soit sur la crise sanitaire mais surtout sur le plan économique.
Croissance, lutte contre le chômage, travail, réformes... Le chef de l'État a revêtu son costume de candidat, à cinq mois de l'élection présidentielle. Sur la réforme des retraites, axe central de son programme de 2016, le président de la République a assuré que les conditions n'étaient pas réunies pour lancer ce chantier avant la fin de l'année. Une prise de rendez-vous clair pour 2022 et donc un deuxième mandat.
Emmanuel Macron a aussi annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Et s'est longuement exprimé sur sa vision de la France et son projet de fin de quinquennat. Et du quinquennat suivant ?
Emmanuel Macron "sait que la politique c'est du mouvement", estime un de ses proches. "Tant que ça va bien, il peut continuer sur cette stratégie (de ne pas se déclarer candidat, ndlr). S'il sent qu'il est dans un corner, il verra qu'il faut bouger", nous confiait-il début octobre. Visiblement, cela commence à démanger le président de la République.
Un macroniste de premier plan qui planche depuis plusieurs semaines à la stratégie de campagne du candidat Macron observe "une scoliose des électeurs", c'est-à-dire qu'"ils se situent au centre" de l'échiquier politique. "La majorité parle au centre gauche. Le gouvernement parle à la droite", analyse-t-il. Et Emmanuel Macron ? A lui de faire la jonction. Comment ? En "dessinant un projet" sur "l'identité de la France et ce que c'est que d'être Français", explique ce soutien de la première heure. Il présume que la campagne électorale s'articulera autour de deux thèmes de campagne, "deux radicalités", à savoir "les frontières" et "l'écologie".
C'est justement les deux axes qui ressortaient de la partie programmatique de l'allocution d'hier. Sur le nucléaire et la construction de nouveaux réacteurs, Emmanuel Macron a indiqué cela "garanti l'indépendance énergétique de la France", pour à terme, "garantir l'approvisionnement électrique de notre pays et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050".
Le chef de l'Etat a exposé sa vision en tentant de répondre à la crise sur les prix de l'énergie. "Si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnables et ne pas dépendre de l'étranger, il nous faut tout à la fois continuer d'économiser l'énergie et d'investir dans la production d'énergies décarbonées sur notre sol", estime-t-il.
Deuxième axe et pas des moindres : quel projet pour quelle nation. "N'ayons pas peur, croyons en nous !", a déclaré Emmanuel Macron. Une phrase qui sonne comme un slogan de campagne. Souvent accusé de déconnexion et d'être à l'origine d'une politique centralisée et verticale, le président de la République a tenu à rassurer : "Je vois bien, je sens bien, j'entends bien l'incertitude, les doutes, parfois la fatigue, quelque fois la colère (...) qui se manifestent".
A cela est venu s'ajouter un message d'optimisme, déjà évoqué lors d'une précédente allocution avec le retour "des jours heureux". "Mais regardez ce que nous avons réussi en agissant ensemble. Unis, nous avons réussi l'impensable. Alors je vous le dis avec beaucoup de conviction : n'ayons pas peur, croyons en nous, croyons en la France, en une France qui reste elle-même, forte de son histoire, de sa culture, de sa langue, de sa laïcité, de ce qui l'unit, forte de son esprit de résistance".
Selon l'éditorialiste politique de RTL Olivier Bost, Emmanuel Macron "a répondu au pessimisme initié par Éric Zemmour". En effet, le candidat putatif n'a pas été oublié de l'allocution du président de la République. Ce dernier a mis en garde face à "la soumission aux dogmes, aux obscurantismes, au retour du nationalisme". La France doit être et "forte de sa volonté d'embrasser l'avenir et de continuer d'assumer sa part d'universel", a-t-il ajouté. Avant de conclure : "croyons en nous, nous le méritons".
Emmanuel Macron n'en oublie pas ses fondamentaux. Il a martelé à plusieurs reprises lors de sa prise de parole, le mot "travail". "Le travail comme source de prospérité pour le pays, et comme émancipation pour les individus. Il a réécrit son bilan autour de ce thème, en partant de l’augmentation de la prime pour l’emploi, en fait imposée par la crise des gilets jaunes, jusqu’à la réforme de l’assurance-chômage, destinée à inciter à la reprise du travail en étant plus restrictive sur les indemnités", explique François Lenglet au micro de RTL.
Selon lui, le président a orienté son discours sur "deux chapitres distincts". "D’ici à l’élection tout d’abord, c’est la question des pénuries de ressources humaines, les fameux emplois non pourvus, qui s’impose. Il y en aurait plusieurs centaines de milliers en France, dans la restauration, le maraîchage et l’agriculture, le BTP, les services informatiques, l’aide à domicile. Des entreprises qui offrent du travail et ne trouvent pas preneurs, et des chômeurs qui chôment et ne trouvent pas de travail, voilà la contradiction qu’il faut résoudre", résume-t-il.
Et d'ajouter : "Le chef de l’État a reparlé de ce qui a été inventé par Nicolas Sarkozy et son ministre de l’Emploi de 2008, Laurent Wauquiez : l’offre raisonnable d’emploi. Qui, si elle est refusée deux fois par un chômeur, provoque, en théorie, une sanction de la part de Pôle Emploi. Sous la forme d’une suspension de son allocation".
Les messages sont passés. Que ce soit à destination des Français mais aussi et surtout de ses adversaires politiques. "La politique, c'est faire du judo. Il faut utiliser la force de ses adversaires à son avantage", sourit un membre de la majorité en mimant un mouvement de bascule avec ses mains. Nul doute que le président de la République a commencé à prendre ses appuis.
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