Nicolas Sarkozy : Ukraine, Poutine, immigration, Macron, affaires judiciaires, JDD, ce qu'il faut retenir de son interview
L'ancien chef de l'Etat a été interviewé par Gilles Bouleau suite à la sortie de son nouveau livre "Le Temps des combats", aux éditions Fayard.
Nicolas Sarkozy a fait la promotion, ce mercredi 23 août sur TF1, de son dernier ouvrage Le temps des combats, second tome de ses mémoires. Il y raconte son quinquennat, de 2007 à 2012, étrillant bon nombre de ses adversaires politiques.
La seule personnalité qui trouve grâce à ses yeux s'avère être Gérald Darmanin. Il ne tarit pas d'éloges à l'égard de son ancien porte-parole, à présent ministre de l'Intérieur. "Son succès me ferait plaisir", reconnaît-il, estimant qu'il "a des qualités évidentes".
Interrogé par Gilles Bouleau, l'ex-chef de l'Etat a balayé de nombreux sujets d'actualité. Le premier a porté sur l'Ukraine - il s'est positionné contre l'entrée de Kiev dans l'Otan et dans l'Union européenne - alors qu'au même instant un avion s'est crashé en Russie dans lequel pourrait se trouver le patron de Wagner, Evgueni Prigojine.
Guerre en Ukraine : "Trouver une solution qui préserve les intérêts" des deux pays
Pour Nicolas Sarkozy, "il y a deux façons de gagner la guerre : anéantir l'adversaire ou discuter avec lui afin de trouver un compromis." "Il faut arrêtez de parler d'acheter des avions, des munitions, des chars. Il faut trouver une solution qui préserve les intérêts" des deux pays.
Selon l'ex-chef de l'Etat, Vladimir Poutine a commis une "grave faute" alors qu'il est poursuivi pour un crime de guerre de "déportation illégale" d'enfants ukrainiens depuis le début de l'invasion russe fin février 2022. "Je sais qu'il était coupable en Géorgie et qu'il est aujourd'hui coupable en Ukraine", analyse-t-il.
Et de poursuivre : "Le monde et l'Europe dansent au bord d'un volcan. Cela peut déraper à chaque instant. Il y a eu assez de morts et il me semble que la diplomatie n'a pas été utilisée jusqu'au bout."
Immigration : "Le pire est à venir"
"En France, aujourd'hui, on ne peut parler de rien. Vous prononcez le mot immigration, vous êtes un raciste. Vous dites : il y a un problème dans les banlieues, vous êtes d'extrême droite", a dénoncé Nicolas Sarkozy.
Concernant l'immigration, il estime que "le pire est à venir". Il est nécessaire, selon lui, de renforcer les liens avec l'Afrique pour installer des centres de traitement des demandes d'asile de l'autre côté de la Méditerranée.
"Il était évident qu'il fallait soutenir Monsieur Macron"
Nicolas Sarkozy a justifié son soutien à Emmanuel Macron lors des dernières présidentielles. "Je ne voulais pas de Monsieur Mélenchon et de Madame le Pen. C'était évident qu'il fallait soutenir Monsieur Macron."
Et d'ajouter : "Il était le rempart face à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite." En 2027, le "seul rempart" contre la candidat du RN viendra d'un "candidat de la droite républicaine", capable de "fédérer les éléments de droite qui sont dans la majorité de Monsieur Macron et les éléments de la droite qui sont dans l'opposition." "Sans unité entre ces deux camps, rien ne sera possible."
Affaires judiciaires : "Je n'ai rien à me reprocher"
Parmi les (nombreuses) affaires judiciaires en cours, Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance à trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite Bismuth. Une peine confirmée en mai dernier par la cour d'appel de Paris. Il s'est pourvu en cassation. Ce mercredi soir, l'ancien président de la République clame plus que jamais son innocence. Si son pouvoir est rejeté, il ira jusqu'à la Cour européenne des droits de l'Homme.
"J'ai toujours assumé mes responsabilités. Je suis l'homme qui a été le plus inspecté, le plus contrôlé. Rien de probant n'a été trouvé contre moi", a-t-il affirmé. "Je n'ai rien à me reprocher. Je n'ai pas détourné le moindre centime", estimant être un judiciable "ni au-dessus, ni en-dessous des lois." Et de conclure : "Je ne baisserai pas la tête pour quelque chose que je n'ai pas commis, je ne trahirai pas les Français."
"Des procès en sorcellerie" contre Geoffroy Lejeune et Vincent Bolloré
L'ex-directeur de la rédaction de "Valeurs Actuelles" Geoffroy Lejeune a pris officiellement la tête du "Journal du Dimanche", mardi 1 er août. Ce même jour, un accord a été conclu pour la fin d'une grève historique qui a duré 38 jours. Les journalistes craignaient en effet une extrême droitisation de la ligne éditoriale tout en alertant sur l'indépendance de la presse.
Nicolas Sarkozy estime que le rachat du groupe Lagardère par Vincent Bolloré et l’arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête de la nouvelle formule est une bonne nouvelle pour le journalisme. "Est-ce qu’on n’a pas le droit d’avoir un journal engagé en centre droit ? En France tout le monde n’est pas de gauche. Je suis pour le pluralisme", a-t-il souligné.
Il déplore au passage "les procès en sorcellerie pour le nouveau directeur du JDD ou le nouveau propriétaire du groupe Lagardère. [Vincent Bolloré] pour qui j’ai de l’affection, qui fait l’honneur de l’économie française."
