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Emmanuel Macron, le 21 octobre 2025, en Slovénie
Crédit : Ludovic MARIN / AFP
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Il a fallu une phrase pour déclencher une étincelle et mettre à mal le semblant d'apaisement qui régnait à l'Assemblée nationale depuis quelques jours. Ou plus précisément un mot : "décalage". En déplacement en Slovénie ce mardi 21 octobre, Emmanuel Macron a évoqué "des perspectives de référendum" qui "sont possibles" sur la réforme des retraites. Une déclaration qui intervient alors que les députés ont déjà commencé à plancher sur le projet de budget en commission.
Le président de la République a réfuté l'idée d'une "suspension" de la réforme des retraites, préférant évoquer un "décalage" dans le temps. Concrètement, cela signifie que selon le président de la République, la réforme des retraites datant de 2023 n'est ni abrogée ni suspendue. Emmanuel Macron y voit plutôt "le décalage d'une échéance", à savoir le relèvement progressif de l'âge légal de départ, avec une borne "des 63 ans au 1er janvier 2027 (...) décalée au 1er janvier 2028, avec un financement par des économies".
Ces déclarations du président de la République s'éloignent de celles faites par Sébastien Lecornu, lors de son très attendu discours de politique générale. "Je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu'à l'élection présidentielle", avait indiqué le Premier ministre devant les députés.
Le "décalage" évoqué par Emmanuel Macron n'a pas manqué de faire réagir les oppositions. Selon Jean-Luc Mélenchon, "la réforme des retraites à 64 ans n'est ni abrogée, ni suspendue. Elle est DÉCALÉE. Il est temps dorénavant de partir de la réalité et non de la propagande des auto-satisfaits pour entrer dans la lutte", a-t-il écrit sur X.
Au Rassemblement national aussi, cette vision de la suspension de la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron ne convainc pas. "Tout cela montre bien qu'Emmanuel Macron n'a aucune envie de suspendre la réforme des retraites. Il vient de faire un bras d'honneur au PS qui s'est fait avoir", a estimé le député RN Laurent Jacobelli.
On demande au président de se taire
Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados
Le député socialiste du Calvados Arthur Delaporte n'a pas non plus apprécié la sortie du chef de l'État : "On demande au président de se taire, nous c'est la suspension". Quant à l'idée du référendum, l'élu dit "d'accord" mais sous quelles modalités et quelle question, a-t-il interrogé. Le député PS d'Indre-et-Loir, Laurent Baumel, reproche au président de la République ces "gesticulations". "Il a un Premier ministre à qui il a apparemment donné carte blanche, qu'il s'y tienne", a-t-il ajouté.
Entendant retentir la petite musique d'un dysfonctionnement dans la communication entre l'Élysée et Matignon résonnait, un proche de Sébastien Lecornu assure auprès de RTL que le discours de politique générale "avait bien été validé par le président de la République".
Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale ce mardi 21 octobre, le Premier ministre a indiqué : "Le président s'est exprimé uniquement sur la mesure d'âge tout à l'heure en Slovénie et je suis allé plus loin lors de ma déclaration de politique générale". Le chef du gouvernement a aussi rappelé qu'il avait annoncé la suspension tant de la mesure de décalage de l'âge légal que celle de l'augmentation du nombre de trimestres de cotisation, sans laquelle la première mesure ne "serait rien".
Afin d'apaiser les bancs de l'Assemblée et d'éviter une crispation au sein du groupe socialiste, Sébastien Lecornu a annoncé qu'un Conseil des ministres serait réuni jeudi 23 octobre pour ajouter, via une "lettre rectificative", cette mesure de suspension au projet de budget de la Sécurité sociale, comme le demandaient la gauche et le Rassemblement national. Une telle mesure, alors que le chef du gouvernement avait d'abord annoncé son intention de procéder par amendements, permet de lever le "doute", a souligné le Premier ministre. Certains craignaient en effet que cette voie lui permette de ne pas acter la suspension en cas d'enlisement des débats et de recours à des ordonnances pour faire passer le budget.
Le refus d'Emmanuel Macron d'évoquer "une suspension" de la réforme des retraites a éclipsé le retour d'une proposition déjà formulée plusieurs fois par le président de la République : un référendum. Si le chef de l'État y était opposé en 2024, il a finalement ouvert la voie à ce recours. Une bonne nouvelle selon un ministre qui insiste pour "rendre le pouvoir et les responsabilités aux Français".
"Il faut qu’on fasse les efforts budgétaires autant que possible avant 2027. Sinon, vous aurez du mal à entraîner le pays et susciter l’adhésion", a-t-il ajouté à RTL.fr. Selon lui, l'enjeu est de convaincre les "boomers" dont François Bayrou avait pointé la responsabilité lors de son passage à Matignon. "Vous pouvez convaincre un boomer qu’il doit contribuer un peu plus, à condition que vous lui donniez la garantie que l’État est un bon gestionnaire", estime-t-il.
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