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Jordan Bardella, le 19 novembre 2025 au salon Milipol
Crédit : Arthur N. Orchard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Un tremplin pour 2027. Dans trois mois, jour pour jour, le 15 mars 2026, aura lieu le premier tour des élections municipales. Un scrutin jusqu'à présent éclipsé par la bataille budgétaire aride qui se joue entre le gouvernement de Sébastien Lecornu et l'Assemblée nationale. Si le Rassemblement national s'est fait plus discret sur la scène politique nationale, il n'empêche pas que le parti prépare le scrutin local méticuleusement.
Et pour cause, le parti dirigé par Jordan Bardella souhaite taper fort, en faisant oublier l'échec des législatives anticipées qui avaient fait émerger des candidatures problématiques sous la bannière Rassemblement national. Même volonté en ce qui concerne les élections municipales de 2020 qui avaient laissé un bilan mitigé pour le parti. Leur électorat s'était peu mobilisé, en pleine pandémie.
Dans l'émission Dimanche en politique sur France 3, Jordan Bardella expliquait que cette campagne sera axée sur la "coalition". "Nous partons naturellement sous nos couleurs, qui sont d’abord teintées de coalitions, puisque ces listes sont des listes Rassemblement national-UDR, l’Union des droites pour la République, le parti ami du Rassemblement national d’Éric Ciotti, l’ancien patron des Républicains", expliquait-t-il.
À travers les élections municipales, le Rassemblement national souhaite assoir son ancrage territorial. Une première étape qui lui permettra dans le futur de pouvoir se projeter sur une nouvelle bataille : le Sénat. Sans oublier la possibilité de tester sa stratégie avant l'élection présidentielle de 2027.
Selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL publié le 10 décembre, deux tiers des sympathisants de droite interrogés se disent favorables à une candidature commune entre Les Républicains et le Rassemblement national pour les élections municipales et législatives ou la présidentielle. Sur le plan des idées programmatiques, 6 Français sur 10 considèrent que Les Républicains et le Rassemblement national partagent des positions similaires, notamment sur la sécurité, l'environnement, l'immigration et la culture.
Joint par RTL, Jean-Daniel Lévy, le directeur délégué de Toluna France, analyse que "la digue entre les électeurs de la droite classique et le Rassemblement national est en train de céder assez fortement". "On avait sensiblement un Français sur deux qui était issu de la droite ou de l'extrême droite qui - jusqu'à présent - était plutôt favorable à des alliances. Maintenant, on voit qu'on peut avoir entre 60 et 70% de cette population même qui est favorable", explique-t-il.
"Les différences qui peuvent être perçues entre le Rassemblement national et les Républicains apparaissent aujourd'hui comme étant relativement ténues. Lorsqu'on interroge ne serait-ce que ces deux populations, on peut voir que plus de 60% d'entre eux considèrent que, globalement, ils sont d'accord sur la plupart des sujets", a ajouté le directeur délégué de Toluna France.
L'union des droites se fait déjà dans les urnes
Un sénateur Les Républicains
Un constat aussi dressé par un sénateur Les Républicains. "L'union des droites se fait déjà dans les urnes", assure-t-il. Même opinion pour un ancien ministre qui estime que la bascule s'est déjà faite dans l'électorat. "Chez les cadres, cela va se faire indéniablement", prédit-il.
Les élections municipales sont ainsi devenues un laboratoire de la stratégie de l'union des droites. Dès novembre dernier, le président du Rassemblement national semait des cailloux afin d'attirer de potentiels candidats Les Républicains. Le président du Rassemblement national vise ainsi le second tour des élections municipales. Il "n'est pas interdit de penser" qu'une "dynamique de rassemblement" plus large peut avoir lieu. "Bien sûr, cela fait partie des scénarios qui sont sur la table", ajoutait-il sur France 3.
Le Rassemblement national mise aussi sur un nombre important de listes présentées à travers tout le territoire. Lors d'une conférence de presse le 1er décembre, le directeur RN de campagne des municipales, Julien Sanchez, assurait que son parti dépasserait le seuil des 650 listes présentées à travers toute la France, dont certaines sont donc le résultat d'alliances avec le parti d'Éric Ciotti. Selon leurs estimations, ce nombre devrait atteindre les 700. Tout en précisant dans la foulée, ne pas s'inscrire dans la politique du chiffre. "Notre objectif n'est pas de faire le plus de listes possibles, mais de choisir la qualité plutôt que la quantité", défendait-il.
Afin d'y parvenir, le parti mise sur l'Assemblée. Le groupe Rassemblement national est composé de 123 élus, rodés à la ligne du parti et à ses éléments de langage, ainsi qu'à l'exercice médiatique. Une "trentaine de députés" seront têtes de liste aux élections municipales, nous explique le parti. Parmi eux, Laure Lavalette à Toulon, Franck Allisio à Marseille, Laurence Robert-Dehault à Saint-Dizier, Bruno Clavet à Lens, Aurélien Lopez-Liguori à Agde, Marc de Fleurian à Calais ou encore Alexandre Masson à Menton.
Les conséquences de ces candidatures sont aussi prises au sérieux par le groupe de députés. "On a auditionné les suppléants des députés qui veulent devenir maire", explique un député RN pour déceler s'il y a "des tarés" et voir si les aspirants candidats "ont le niveau". Selon Le Monde, un algorithme est utilisé afin de scanner les réseaux sociaux des candidats et chargé de déceler les contenus et les comptes problématiques.
Quant aux candidats qui ne sont pas encartés au Rassemblement national, le parti a décidé de leur soumettre une charte, selon Le Parisien. Ces derniers bénéficieraient ainsi d'un soutien du RN, sans avoir à y adhérer. Julien Sanchez a indiqué qu'elle comportait 13 points. "Dans nos circonscriptions, nous avons des maires qui ne sont pas RN mais qui sont sympas avec nous, sont compatibles, nous accueillent...", explique un cadre RN. En contrepartie, le candidat s'engage à ne pas augmenter la fiscalité locale durant son mandat et a axé sa politique sur le volet sécuritaire, ainsi qu'à protéger le patrimoine historique, souligne le journal.
Autre point et pas des moindres : le candidat pour les municipales devra soutenir le candidat RN lors de la prochaine élection présidentielle en lui accordant son parrainage. Lors du scrutin de 2022, Marine Le Pen avait alerté sur la difficulté d'obtenir les 500 signatures. À cette époque, François Bayrou avait annoncé lors de l'émission Le Grand Jury diffusée sur RTL donner son parrainage à la candidate RN. "Je considère que je ne peux pas défendre devant mes concitoyens, l'idée que le président de la République serait élu dans une élection de laquelle les principaux candidats seraient exclus". "Je ne me défilerai pas. J'ai décidé de prendre ma part de cette charge et ça ne correspond pas exactement au rêve que j'ai de l'engagement politique, je donnerai ma signature à Mme Le Pen", avait déclaré le président du Modem.
Cette "charte d'engagement" n'oblige le candidat concerné à communiquer sur sa décision de la signer. "Ce sera à la discrétion du signataire, s'il souhaite afficher son soutien", a expliqué le directeur RN de la campagne des municipales. "Si vous voyez notre député local à côté du maire sortant, ça voudra dire qu'il aura signé la charte", a-t-il estimé.
Cet enjeu autour des municipales présage de l'enjeu à venir : les élections sénatoriales. Un objectif assumé par le parti qui veut disposer d'un maximum de "points d'ancrage".
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