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"Les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants" : Emmanuel Macron dit-il vrai sur le profil des consommateurs de drogues ?

Le président de la République a estimé que "parfois les bourgeois des centres-villes financent les narcotrafiquants". Une déclaration nuancée par les spécialistes.

Emmanuel Macron, le 18 novembre 2025, à Berlin en Allemagne

Crédit : HALIL SAGIRKAYA / ANADOLU / Anadolu via AFP

Marie-Pierre Haddad

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"Les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants". Emmanuel Macron a réagi à la mort de Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci militant écologiste engagé dans la lutte contre le narcotrafic à Marseille. Selon des propos rapportés lors du compte-rendu du conseil des ministres du mercredi 19 novembre, par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, le président de la République a insisté sur la nécessité d'avoir la même approche que contre "le terrorisme"

Mais selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, le profil des consommateurs de drogues, dressé par Emmanuel Macron, ne correspond pas à la réalité. Sur Franceinfo, la directrice adjointe de l'institut Ivana Obradovic estime qu'il y a "dix, quinze, vingt ans, c'était des profils sociaux plutôt favorisés qu'on trouvait parmi les consommateurs de cocaïne". "Aujourd'hui, c'est beaucoup moins le cas", nuance-t-elle.

Invité à l'antenne de RTL ce jeudi 20 novembre, Amine Benyamina, psychiatre, addictologue et président de la Fédération française d'addictologie (FFA) a indiqué que les déclarations du chef de l'État sont à la fois "vraies et fausses"

Pas de zones géographiques précises

"Il y a les petits bourgeois, mais pas que. Toutes les campagnes, toutes les villes, toutes les contrées de France et de Navarre sont concernées par la drogue. Tout le monde est concerné, y compris le petit village où vous n'avez peut-être pas La Poste, mais vous avez le dealer qui est plus présent que les services de l'État", a-t-il expliqué.

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Amine Benyamina, addictologue, affirme que la drogue est "partout", y compris dans les petits villages

00:10:20

Selon l'addictologue, "il n'y a plus" de portrait type du consommateur de drogues. Ce "phénomène" s'est infiltré "dans tous les interstices de la société", a-t-il ajouté sur RTL.

À écouter aussi

Le territoire n'est plus un critère, selon le psychanaliste. "Les points de deal sont derrière l'écran (...) On peut commander, marchander, livrer...", explique-t-il.

Pas de marqueur sociologique

L'image du consommateur type de cocaïne, masculin, citadin et bourgeois n'existe donc plus dans les faits. "Dans les années 80, sur la cocaïne, on se glosait en se disant que ceux qui en consomment ont de l'argent et qu'ils ne feront jamais de prison. Ce n'est plus le cas, vous avez des consommateurs de cocaïne qui sont mineurs", précise Amine Benyamina qui souligne aussi que l'addiction concerne autant les hommes, que les femmes. "Il reste des différences, mais qui sont à la marge", ajoute-t-il.

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00:03:20

"Le produit ne définit plus la classe sociale. Dans les années 70, c'était un marqueur et il y avait un message sociologique qu'on renvoyait à travers le produit que l'on consommait, rappelle-t-il. C'est fini. On consomme pour consommer (...) C'est ce qui rend plus compliqué la définition du profil des consommateurs".

Pas lié au niveau de revenus

Quant au cannabis, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, citée par Le HuffPost, explique que "les consommations de substances psychoactives notamment ont tendance à diminuer ou à s’arrêter avec une meilleure insertion sociale". Selon une étude publiée en 2021, les employés hommes sont plus nombreux à consommer du cannabis plus d’une fois par semaine. Ils sont suivis par les femmes au statut d’ouvrier.

Autre étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives mise en avant par Le HuffPost : "Les personnes issues de milieux populaires, dès lors qu’elles sont confrontées à des problèmes de santé mentale ou à des conditions de travail difficiles, ont tendance à rapporter des consommations de cannabis plus élevées et plus durables".

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