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Législatives 2022 : Ensemble, Nupes, RN... qui sort vraiment gagnant du premier tour ?

DÉCRYPTAGE - Au lendemain du premier tour des législatives, chacun revendique la victoire et assure être le gagnant de cette première manche. Qui dit vrai ?

Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon le 12 juin 2022
Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon le 12 juin 2022
Crédit : AFP
RTL Midi du 13 juin 2022
00:25:32
Marie-Pierre Haddad

Quel est le point commun entre Ensemble, la Nupes et le Rassemblement national ? Les trois forces politiques assurent être le grand vainqueur, au lendemain du premier tour des élections législatives. Pas de perdants à les entendre. Mais qui a vraiment gagné ? 

Quelles sont les raisons d'être satisfaits pour chacun des partis ? Sans oublier les raisons d'être déçus. La Nupes conteste les chiffres des résultats donnés par le ministère de l'Intérieur. Selon les résultats officiels, l'union de la gauche et des écologistes recueille 5.836.200 de voix contre 5.857.561 pour Ensemble. Cela fait un peu plus de 21.000 voix d'écart. Les deux formations sont donc au coude-à-coude.

Sur RTL, le numéro deux de LFI Adrien Quatennens a dénoncé des "tripatouillages" d'un "ministère qui par exemple reclasse des candidats Nupes en Divers gauche" pour afficher la Nupes "derrière LaREM". Il a assuré que celle-ci est "bien en tête de ce premier tour, n'en déplaise au pouvoir". 

Pourquoi la Nupes conteste les chiffres de Beauvau

Si on compte tous les candidats revendiqués par la Nupes, Adrien Quatennens a raison, c'est une victoire du camp Mélenchon. Mais effectivement, le ministère de l'Intérieur a attribué la nuance "divers gauche" et non pas Nupes à certains candidats. La Place Beauvau joue la bonne foi en disant que ces candidats ne figuraient pas dans la liste officielle qui lui a été envoyée. Et c'est vrai. Jean-Hugues Ratenon, par exemple, candidat à la Réunion, ne figurait pas dans l'accord, même s'il a déjà siégé avec les Insoumis dans l'hémicycle. 

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Et puis, il y a d'autres candidats qui étaient bien dans la Nupes, comme le socialiste Jean Joël Aviragnet en Haute-Garonne, dont les voix ont été comptées divers gauche. Alors est-ce du tripatouillage comme le dénonce la Nupes ou juste un bug informatique ? Ce sont des comptes d'apothicaire. Mais comme la victoire nationale se joue à 21.000 voix près sur plus de 23 millions de votants, le sujet est devenu très polémique.  

Mélenchon, gagnant ou perdant ?

Peut-on parler d'une victoire ou une défaite pour Jean-Luc Mélenchon ? Selon Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de l'institut Harris Interactive, "c'est une victoire". "Il a réussi à installer le match comme étant le principal opposant à Emmanuel Macron. Mais si on reprend les chiffres - et qu'il soit un peu devant ou un peu derrière la formation qui soutient le président de la République  - c'est un échec. Et ce si vous comparez, ne serait ce qu'aux précédentes élections législatives en pourcentage. Cette formation politique a, à peu près, le même niveau que celle de l'ensemble de la gauche au cours des élections législatives de 2017". La Nupes a obtenu 25,66% en 2022 et 25,49% en 2017. 

La victoire de Mélenchon est d'abord tactique ? "Ça dépend de la grille de lecture, parce que l'union leur permet malgré tout de pouvoir se qualifier dans beaucoup plus de circonscriptions que s'ils étaient partis de manière séparée. Et puis, ils peuvent espérer que chacune de ces formations politiques qui composent la Nupes (la France insoumise, le Parti communiste, le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts) va avoir des élus, mais également avoir un groupe" à l'issu du second tour.

Jean-Luc Mélenchon sera-t-il premier ministre ? Selon Benjamin Sportouch, chef du service politique de RTL, "c'était son enjeu à lui. On l'a senti déçu. En termes de sièges, il devrait quand même presque tripler leur nombre pour la gauche. Mais lui a fini par y croire à cette possibilité". 

Et d'ajouter : "Ça va être très compliqué pour lui de le gagner. Il a fait un bon premier tour, mais il n'a plus de réserves de voix. Les réserves de voix se situent du côté des abstentionnistes. C'est pour cela qu'il cherche à mobiliser. Qu'il appelle là. Mais vraiment, il sonne le tocsin, j'allais dire pour une déferlante. 

Moins de voix pour la majorité ?

Selon les projections, la majorité présidentielle obtiendrait 160 à 300 sièges. Mais quand on analyse le nombre de voix de ce premier tour, on constate qu'ils ont même perdu presque 1.500.000 voix en cinq ans. 25,75 % des voix en 2022 contre 32,33% au premier tour en 2017. C'est un échec ?

"C'est indéniablement (un échec). Ils sont passés d'un tiers des voix, à un quart des voix, note Jean-Daniel Lévy. Après la présidentielle de 2017, on observait une progression en pourcentage du score de la majorité présidentielle : 24% pour Emmanuel Macron en 2017 et près d'un tiers aux élections législatives. Là, on a un phénomène où en pourcentage, nous avons même moins d'électeurs qui se sont déplacés en faveur de la majorité".  

Y-a-t-il une dynamique pour la majorité ? Jean-Daniel Lévy s'interroge : "Est-ce que le fait d'être nouvellement réélu entraîne en fait un comportement différent ?" "En 1988, alors que François Mitterrand a été réélu, les formations politiques qui le soutiennent réunissent 37% des suffrages au premier tour. En 2002, quand Jacques Chirac a été réélu, c'est là un tiers pour l'UMP", note-t-il.

Le RN, grand gagnant ?

Quid du score du RN ? 4.248.626 voix en 2022, contre 2.990.454 au premier tour en 2017. Cela fait plus d'1.200 000 voix. C'est le vrai gagnant du scrutin ? "Si l'on compare de suffrages à suffrages entre les élections législatives de 2017 et ces élections, le RN est passé de 13 à 19%. C'est la seule formation politique qui progresse de manière relativement aussi nette", analyse Jean-Daniel Lévy. 

Et d'ajouter : "On n'en parle pas beaucoup, parce que cela va pas forcément se traduire mécaniquement avec énormément de sièges, de fait de la difficulté qu'ils rencontrent au deuxième tour des élections législatives". Pour ce qui est uniquement de la dynamique électorale telle qu'elle se traduit, "c'est indéniablement un point à considérer : il y a souvent un effondrement du vote des électeurs Rassemblement national à partir du moment où on passe de la présidentielle aux législatives. Là, ça n'a pas été le cas", ajoute-t-il.  

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