Le Parti socialiste a tranché. Quelques heures après d'Olivier Faure et de Nicolas Mayer-Rossignol, qui assuraient tous les deux sortir vainqueurs du Congrès du PS, le parti a assuré que le Premier secrétaire sortant était reconduit à la tête du PS avec 50,83% des voix en sa faveur.
Ce score s'appuie sur les résultats issus des fédérations et transmis à la commission d'organisation du congrès. Les camps d'Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se sont accusés mutuellement d'irrégularités dans les votes et ont annoncé des recours et demandes d'annulations de vote dans des sections.
"23.759 votes ont été exprimés à l'occasion de ce scrutin (…), Olivier Faure a obtenu 12.076 des voix soit 50,83 % des suffrages exprimés, Nicolas Mayer-Rossignol a obtenu 11.683 voix soit 49,17% des suffrages exprimés", indique dans son communiqué le parti, qui acte ainsi un écart de seulement 393 voix entre les deux candidats. "Les résultats définitifs seront proclamés à l'issue du vote des délégués du Congrès de Marseille qui se tiendra les 27, 28 et 29 janvier 2023", précise le PS.
"Le choix des militants doit être respecté, l'unité du parti socialiste préservée. Je demande que la commission de récolement soit réunie. Sans elle aucun résultat ne peut évidemment être proclamé. J'appelle à l'apaisement et au rassemblement. Les Français nous regardent", a aussitôt réagi Nicolas Mayer-Rossignol sur Twitter. Une commission de récolement des résultats devait se réunir vendredi, selon les deux camps, mais le communiqué du PS n'en fait pas mention.
"Ce matin je suis triste pour mon parti. Si on en reste là le congrès de Marseille sera terrible", prédit un élu soutien du maire de Rouen, dénonçant un "coup de force" d'Olivier Faure, "pour imposer un résultat".
Toujours sur Twitter, la secrétaire nationale à la Coordination et aux moyens du PS, Corinne Narassiguin, répond à Nicolas Mayer-Rossignol : " Tes 8 représentants ont refusé d’examiner les résultats et ont préféré demander pendant 1h30 la reprogrammation de la commission, avant de partir".
"Alors que le Parti socialiste a transmis les résultats cumulés des fédérations, confirmant la victoire d'Olivier Faure, nous revendiquons cependant le score de 54% qui est, nous en ferons la preuve, une fois le vote lavé de toutes irrégularités, le résultat du scrutin du 19 janvier", ont affirmé pour leur part vendredi matin dans un communiqué les représentants de son texte d'orientation "Gagner".
"Au regard du climat délétère installé par Nicolas Mayer-Rossignol et ses proches et la gravité des faits constatés dans certains territoires, nous condamnons la tentative de déstabilisation de notre maison commune", regrettent-ils. "Nous avons tous une responsabilité pour trouver une voie d'union", a souligné la députée Valérie Rabault, soutien de Nicolas Mayer-Rossignol, après avoir déploré un "PS coupé en deux" sur Twitter.
En guise d'explication pour une telle différence, les entourages respectifs ont multiplié dès avant minuit les accusations réciproques de triche organisée. Surveillants de scrutin non autorisés à entrer dans des bureaux de vote, bourrage d'urnes, une agression physique à Elbeuf (Seine-Maritime)… Ils ont déjà annoncé des recours et demandé l'annulation du vote dans plusieurs sections.
Le maire de Rouen a ciblé en particulier Liévin (Pas-de-Calais) où, selon lui, des policiers municipaux ont vidé la salle, ainsi que Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
Du côté du premier secrétaire sortant, son mandataire Pierre Jouvet a dénoncé une "déstabilisation inadmissible" de la part du camp adverse, et "des méthodes qu'on a trop vues outre-Atlantique", dans une allusion à la défaite jamais reconnue de Donald Trump à la présidentielle américaine de 2020.
Pour les militants PS historiques, l’épisode évoque le congrès de Reims, en 2008. Ségolène Royal et Martine Aubry avaient contesté pied à pied les résultats, la seconde finissant par être déclarée victorieuse à l’issue d’un psychodrame de plusieurs jours.
Ce nouvel épisode survient neuf mois après le désastre de la candidature d’Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7%). Le parti avait réussi, en juin, à sauver sa trentaine de sièges de députés au prix d’une adhésion à la Nupes dirigée par les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, un critique acerbe du parti socialiste.
Le résultat final aura des conséquences sur cet accord Nupes conclu avec LFI, EELV et le PCF, défendu par Olivier Faure, seul moyen selon lui de faire barrage à la droite et à l'extrême droite en 2027. Nicolas Mayer-Rossignol ne cache pas ses réticences vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon. Il a le soutien de la troisième candidate, Hélène Geoffroy, clairement hostile à la Nupes.