Avis de tempête dans l'hémicycle. Le 24 novembre prochain, les députés débattront d'une proposition de loi déposée par l'Insoumis Aymeric Caron visant à interdire la pratique de la corrida. Annoncé début octobre, ce texte divise dans les rangs de l'Assemblée, jusqu'au sein de la Nupes. Entre défense d'un patrimoine culturel local et bien-être animal, les débats promettent d'être animés en commission et en séance publique.
Des bancs du Rassemblement national à ceux du Parti socialiste, membre de la Nupes, aucun groupe ne se risque à donner des consignes de vote à ses députés. Il faut dire que le groupe "Renaissance" est quelque peu divisé sur cette question. En effet, plusieurs ministres sont notoirement connus pour être de fervents défenseurs de la corrida, comme Éric Dupond-Moretti, Marc Fesnau ou encore Geneviève Darrieussecq...qui est élue des Landes. Un territoire où la corrida est véritablement ancrée dans la culture locale.
Publiquement, du côté de la majorité on marche sur des œufs. "Il y aura une liberté de vote, je la respecte, mais on ne force personne à aller voir la corrida", explique à RTL.fr Jean-René Cazeneuve, député du Gers. Comme un avant-goût du débat à venir, il critique la posture d'Aymeric Caron, à l'origine du débat. Il explique "ne pas [vouloir] répondre aux diktats de certains 'parisiens qui ne sont pas sortis du périphérique'".
Un avis loin d'être partagé dans ce même groupe. Et pour cause, la présidente du groupe "Renaissance" Aurore Bergé est farouchement opposée à la pratique de la corrida. Elle a, également, signé plusieurs pétitions pour demander son interdiction ces dernières années.
Dans le même temps, selon nos confrères de l'Express, Sylvain Maillard (député de Paris) serait aussi favorable à une telle mesure. Celui-ci devant remplacer Aurore Bergé dans les prochaines semaines, la députée attendant un heureux événement. "Le temps est venu d'abolir une barbarie", abonde Aymeric Caron auprès de RTL.fr. "Je suis confiant, parce que les premiers calculs montrent que l'on a toutes les chances de voir cette proposition votée" par une majorité de députés.
Néanmoins, la majorité présidentielle - et le gouvernement - se refuse toujours à donner la moindre consigne de vote. L'exécutif préférant s'en remettre à la "sagesse" des députés... quitte à ce que la proposition soit adoptée.
Les remous suscités par sa proposition de loi se font sentir jusque dans les rangs du Rassemblement national. Lors d'une réunion organisée en cette fin octobre, le RN a acté le fait qu'il n'y aurait pas de consigne de vote sur ce sujet. En revanche, on avoue que "par principe, c'est assez compliqué de voter une proposition de loi" déposée par les Insoumis. "Il y aura une liberté de vote", assure à RTL.fr le député de la 2e circonscription du Gard Nicolas Meizonnet. Pour autant, il explique être étonné "qu’Aymeric Caron ne se soit pas attaqué à des sujets plus massifs, comme l’abattage rituel ou l’élevage intensif". L'élu assurant vouloir défendre "la liberté culturelle"
Au sein de la Nupes, aussi, des perturbations se font sentir. Selon certains membres de la majorité, on brocarde le patron des députés socialistes Boris Vallaud, qui ne devrait pas être présents lors du vote à l'Assemblée. Une absence qui pourrait être expliquée par la circonscription du socialiste...il s'agit de la 3e des Landes, un département adepte de la corrida. "Si un élu trouve compliqué de voter le texte parce qu'il est élu d'un territoire [où il y] de la corrida, c'est problématique". Ce genre de posture, "cela n'a plus cours". Si Boris Vallaud ne vote pas pour ces raisons, cela serait pour une raison "très électoraliste", juge Aymeric Caron auprès de RTL.fr.
"C'est le seul sujet concernant les droits des animaux sur lequel on peut espérer une victoire dans la niche parlementaire. Il suffit [de modifier] un alinéa" dans le code pénal. "Il y a quand même une question morale autour de la corrida qui [oblige] à s'emparer du sujet", se justifie, enfin, le député de Paris.
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