L'idylle entachée. La majorité relative à l'Assemblée donne du fil à retordre au gouvernement. Mais cette situation ne doit pas seulement être imputée aux oppositions. En effet, l'exécutif et le groupe Renaissance doivent aussi faire face à des complications venant de la majorité présidentielle.
Le MoDem de François Bayrou et Horizons d'Edouard Philippe jouent leur propre partition, tant au niveau national que dans l'hémicycle. Conséquence : un effet papillon se déclenche. Une déclaration des proches d'Emmanuel Macron a une répercussion au sein de l'Assemblée nationale.
Les députés Renaissance se retrouvent ainsi soumis aux volontés des 51 députés du MoDem et des 30 députés Horizons. Cette situation avait certes été anticipée dans la foulée des résultats des législatives mais continue de piquer les marcheurs.
Le député Horizons de Charentes Thomas Mesnier a déposé un amendement à l'article 22 du projet de loi sur le budget de la Sécurité sociale, contre l'avis du gouvernement et de la majorité du groupe de députés Renaissance. Afin d'éviter une augmentation des déserts médicaux en France, cet ex-marcheur "veut réguler l'autorisation d'installation des médecins". Joint par RTL.fr, il explique que dans les zones déjà prisées par les médecins seront soumises à deux conditions : "Prendre la suite d'un médecin qui part à la retraite par exemple ou donner une partie de son temps" dans une zone tendue.
Cet amendement est signé par quinze députés Horizons, dix élus Renaissance et une élue MoDem. Un élément important pour le parti d'Edouard Philippe qui a fait de la santé l'une de ses thématiques de prédilection. Comme le souligne Thomas Mesnier, cette proposition figurait dans le programme d'Emmanuel Macron en 2022. "J'étais dans le groupe qui a travaillé à l'élaboration du programme et j'ai notamment été l'artisan de cette mesure", précise-t-il.
Mais depuis, la donne semble avoir changé. Le 14 octobre dernier, le ministre de la Santé François Braun a tenu à rassurer la profession : "C'est vraiment un malentendu (...) Il n'y a jamais eu de condition d'obligation", comme le rapportait BFMTV. Pourquoi ce changement de pied au sein de Renaissance ? L'exécutif souhaite éviter de nouvelles manifestations, après celle des internes devant le ministère de la Santé il y a dix jours.
Le MoDem aussi a pris son envol à l'Assemblée. Le patron du groupe Jean-Paul Mattei a déposé un amendement sur les "super-dividendes". Ce dernier avait été largement adopté, relevant le défi de rassembler à la fois les voix de la gauche, mais aussi celles du Rassemblement national. Les députés Horizons avaient, eux, préféré s'abstenir. Quant aux députés Renaissance, ils ont été 74 à voter contre, 5 abstentions et 19 votes favorables.
Jean-Paul Mattei y a vu un "coup parlementaire". Pas question pour lui d'évoquer un coup politique. Un élu d'opposition, cité par l'AFP, voit ainsi au travers de ce nouvel épisode "un affrontement Macron-Bayrou". "Car Mattei, c'est Bayrou en direct", assure ce vieux routier.
Mais sans surprise, l'amendement n'a pas été retenu, après l'utilisation par Elisabeth Borne du 49.3 sur le budget. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire l'avait dit sans détour lors d'une réunion avec Elisabeth Borne à Matignon : "Ce sera sans moi".
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