François Hollande a reconnu solennellement, dimanche 25 septembre dans la cour des Invalides à Paris, "la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis, dans le massacre de ceux restés en Algérie et dans les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans des camps en France". Cinquante-deux ans après, il était bien temps ! Cela aurait dû être fait bien avant. C'est d'ailleurs le général de Gaulle qui aurait dû le faire. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. Surtout de la part d'un Président qui avait, au printemps dernier, pour la première fois, participé aux commémorations du 19 mars 1962, date de la signature des accords d'Évian, scellant la fin de la guerre en Algérie (même François Mitterrand ne l'avait pas fait).
Souvenez-vous : cette participation avait été vécue comme un affront par les harkis et également tous les rapatriés d'Algérie. Il y a des gestes qui ravivent de cruels souvenirs et qui ont pour effet de reléguer loin très loin des citoyens français accueillis de manière indigne, considérés pendant des années comme des citoyens de seconde zone. Il y a des réparations qui sont essentielles. Il fallait une reconnaissance "solennellement" pour les harkis. C'est chose faite, et tant mieux. Même si c'est tardif.
Cela relève d'une maladie présidentielle : la "réélectionnite". François Hollande le fait à sept mois de la présidentielle. Mais souvenez-vous : Nicolas Sarkozy l'avait fait à huit jours du premier tour en 2012. Qui dit mieux ? À l'époque, l'ancien président s'était rendu dans le camp de Rivesaltes, près de Perpignan. Il avait d'ailleurs été le premier président à faire ce déplacement. Mais il n'avait pas choisi le cadre de la cour des Invalides, ni le jour d'hommage aux harkis institué par Jacques Chirac, à savoir le 25 septembre.
Cinquante ans après, reconnaître que l'on s'est mal comporté avec les harkis n'est pas un exploit
Alba Ventura
On ignore si les harkis sont sensibles à cette course à celui qui aura été le plus "solennel". En tout cas, la cause des harkis aura réuni de nombreuses personnalités politiques ce week-end. On a eu Alain Juppé à Bordeaux et François Fillon en Camargue. Nicolas Sarkozy, lui, a fait le week-end complet, samedi 24 septembre à Rivesaltes, et dimanche 25 septembre aux Invalides aux côté de Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé et Marine Le Pen. Bruno Le Maire avait, lui, choisi de s'exprimer dans une tribune.
Cinquante ans après, reconnaître que l'on s'est mal comporté avec les harkis n'est pas un exploit. On ignore si tout le monde a en tête la souffrance des harkis. Mais à quelques encablures d'échéances électorales, tout le monde a en tête un chiffre : 500.000. C'est le nombre de harkis vivant en France aujourd'hui, première, deuxième et troisième génération confondues. Soit 500.000 électeurs potentiels, sans compter les "pieds noirs" sensibles à leur cause. Voilà pourquoi en parler ne témoigne pas d'un courage extraordinaire. Mais ne pas en parler serait une faute.
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