C'est une nomination au goût de revanche. Le président de la République a donc choisi François Bayrou pour succéder à Michel Barnier au poste de premier ministre. L'Élysée a annoncé dans un communiqué ce vendredi 13 décembre la décision d'Emmanuel Macron, au terme d'une matinée agitée où toutes les hypothèses ont été lancées, puis contredites. Le nouveau locataire de Matignon doit désormais s'atteler à la constitution de son gouvernement. Une équipe gouvernementale "resserrée", comme l'a demandé le président de la République lors de sa dernière allocution, qui aura fort à faire pour trouver des compromis dans une Assemblée sans bloc majoritaire.
Après avoir été un éphémère ministre de la Justice lors du premier mandat d'Emmanuel Macron, François Bayrou quitte son rôle de conseiller de l'ombre du président pour tenter de sortir le chef de l'État de la crise politique dans laquelle est plongé le pays depuis la dissolution de l'Assemblée nationale cet été.
Avant d'être chargé de sauver le deuxième quinquennat de Macron, François Bayrou a été une des clés de la sortie de crise liée à l'épidémie de coronavirus. En 2020, le président de la République a nommé le président du MoDem au poste de Haut-commissaire au Plan. Son objectif ? "Animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’État et d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels". Le maire de Pau quitte désormais ce poste pour occuper ses nouvelles fonctions à la tête de l'exécutif.
Le début de la carrière politique de François Bayrou remonte en 1986. Il est alors élu député UDF (Union pour la démocratie française) des Pyrénées-Atlantiques. Il sera d'ailleurs réélu plusieurs fois. En 1992, il poursuit son parcours et devient président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques. L'année suivante, il entre dans la vie politique à l'échelle nationale en devenant ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement d'Édouard Balladur pendant le mandat de François Mitterrand.
Six ans plus tard, il prend la tête de l'UDF et se présente pour la première fois à l'élection présidentielle de 2002 où il obtiendra 6,84% des voix. Mais c'est cinq ans plus tard qu'il jouera un rôle décisif. En 2007, il arrive à la troisième place derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal avec 18,57% des voix. Se posera alors la question stratégique d'un ralliement à la candidate du Parti socialiste. Mais cela n'aboutira jamais. Et pour cause, François Bayrou confiera avoir voté blanc, donc ni pour Nicolas Sarkozy, ni pour Ségolène Royal. Dans la foulée, il lancera son mouvement, le MoDem qui se positionne au centre de l'échiquier politique. L'objectif est de s'affranchir du centre qui lui soutient Nicolas Sarkozy.
Ce sera le point culminant d'une haine, encore active aujourd'hui, entre l'ancien président de la République et le président du MoDem. Elle sera réactivée en 2012 quand François Bayrou déclare avoir voté pour François Hollande lors de l'élection présidentielle. François Bayrou sera ensuite élu à la tête de la mairie de Pau.
Arrive alors sa quatrième élection présidentielle. En 2017, François Bayrou devait se présenter en tant que candidat à l'élection présidentielle, mais prend, alors, la décision surprise de ne pas se présenter au scrutin. Il décide de soutenir Emmanuel Macron. Ce sera la première fois que le président du MoDem acceptera de soutenir un autre candidat à l'élection présidentielle.
Déjà, cette alliance est l'occasion pour le président du MoDem de demander des gages à celui qui est alors candidat "En Marche !". "Je demande expressément que le programme présenté par Macron comporte une loi de moralisation de la vie publique, notamment sur la lutte contre les conflits d'intérêt. Je refuse, comme j’ai refusé toute ma vie, que de grands intérêts prennent la vie publique en otage. Je ne céderai rien sur la séparation de la politique et de l’argent", expliquait-il.
Dès les premiers mois du quinquennat d'Emmanuel Macron, François Bayrou va cultiver son indépendance. Il n'hésitera pas à critiquer les mesures prises Emmanuel Macron. Dans un entretien au Point datant du 23 août 2017, celui qui n'a été ministre de la Justice que pendant 34 jours déclarait : "L'atmosphère suscitée par la baisse des APL, la hausse de la CSG et, en même temps, certains avantages fiscaux pour les plus favorisés" ont "fâché une partie des retraités et des fonctionnaires". "Une très grande partie de l'opinion publique fait crédit à Macron de sa nouveauté, de sa bonne volonté. Il y a ainsi un climat de bienveillance qui n'est pas une preuve d'engagement", prévient-il. "L'opinion ne voit pas clairement la direction" prise par le gouvernement, mettait-il encore en garde.
Sur le plan judiciaire, l'affaire des assistants parlementaires européens du MoDem sera le déclencheur de son départ du gouvernement en 2017. 11 personnes physiques, dont le triple candidat à la présidentielle, ont été jugées à l'automne 2023 devant le tribunal correctionnel de Paris pour des soupçons de détournement de fonds européens, utilisés pour rémunérer des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour l'UDF puis le MoDem. Si le tribunal a bien reconnu le détournement de fonds publics avec la rémunération d'assistants parlementaires sur les fonds du Parlement européen pour effectuer des tâches au profit des partis, il a relaxé le 5 février François Bayrou "au bénéfice du doute", soulignant qu'"aucun élément ne permet(tait) d'affirmer" qu'il "avait connaissance de la non-exécution des contrats d'assistants parlementaires". Le parquet a décidé de faire appel. La date du procès n'a pas encore été fixée.
"Gilets jaunes", covid, choix des premiers ministres, réforme des retraites... Il ne cessera de se rendre indispensable auprès d'Emmanuel Macron. Allié de la macronie, François Bayrou a pris soin de conserver son indépendance et de faire entendre sa ligne, en menaçant de rompre cette alliance à de multiples reprises. Il ne quittera jamais l'objectif de devenir premier ministre, voire président de la République. Mais en attendant, François Bayrou doit proposer une équipe gouvernementale à seulement quelques jours de Noël.
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