Un président sur tous les fronts. Pour cette rentrée, Emmanuel Macron s'est concentré sur les enjeux internationaux. Que ce soit en accueillant Vladimir Poutine à Brégançon ou en multipliant les prises de parole à l'occasion du G7, le président de la République a tenu à savoir mais surtout à faire savoir. Plus précisément, faire savoir aux Français qu'il les représente et qu'il oeuvre pour eux.
C'était l'axe principal de son allocution télévisée à la veille de l'ouverture du G7. Emmanuel Macron y a détaillé les enjeux du sommet et a conclu en promettant qu'il "rendra compte aux Français" de son action. Rebelote lors du discours d'ouverture du G7 : "Je serai fier de faire en votre nom le maximum".
Une allocution télévisée, une conférence de presse avec Donald Trump, une autre avec le président chilien, sans oublier le discours de clôture du G7 et une interview au journal de 20 Heures de France 2. Emmanuel Macron a rempli l'espace médiatique. Une stratégie à l'opposé de celle du début de son quinquennat, à l'époque où il prônait "une parole rare".
En août 2017, il y a deux ans donc, le ton était très différent. Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, expliquait que "le président a décidé de ne pas être un commentateur mais un acteur". Sous-entendu, il ne s'exprimera pas autant que son prédécesseur, François Hollande, auprès des journalistes.
Mais ça, c'était avant. Désormais, Emmanuel Macron veut privilégier le contact direct. En effet, la crise des "gilets jaunes", le grand débat et les polémiques à répétition ont amorcé un changement chez le président de la République qui n'hésite plus à prendre la parole pour s'adresser directement aux Français.
Lors de son allocution, le chef de l'État a répété : "Je vous promets en votre nom de faire le maximum (...) Je suis fier de venir vous en rendre compte de manière régulière. C'est à nous de faire et nous le ferons ensemble". Le président s'était aussi adressé aux manifestants à l'origine du "contre-G7". "J'essayerais d'apporter leur part de vérité autour de la table" des négociations, a-t-il promis.
Il y a donc bel et bien un changement de méthode et de communication. Et l'Élysée l'affirme : le président entame une "rupture de style", après avoir "beaucoup réfléchi cet été, beaucoup travaillé, il a digéré le grand débat et des choses vont changer", nous explique la présidence.
"Il va mettre sur orbite la deuxième partie du quinquennat, précise l'Élysée. Objectif : montrer "qu'un enseignement a été tiré de la crise des "gilets jaunes" et "réformer avec les Français", insiste-t-on.
Une communication qui gêne Philippe Moreau-Chevrolet. Joint par RTL.fr, ce spécialiste en communication politique estime que "cela montre que l'Élysée ne sait pas comment faire pour changer l'image du président. Annoncer ce qu'on va faire n'est jamais bon, en communication politique".
Le président poursuit dans l'élan du grand débat et sera aussi plus présent au quotidien et sur le terrain. "Il veut continuer à aller à la rencontre des Français. L'état d'esprit, c'est de conserver ce lien de terrain avec les Français et cette proximité qui a été installée lors du grand débat. Ça été une phrase de transition pendant la crise des 'gilets jaunes', maintenant l'Acte II a été amorcé", précise l'Élysée.
Un constat aussi fait par Pierre-Emmanuel Guigo, maître de conférence en histoire à l’université Paris-Créteil et auteur de Communication politique aux éditions Pearson. "Emmanuel Macron n'opère pas un changement de ton radical. Il poursuit la stratégie du grand débat avec un ton plus humble, en acceptant le dialogue et en se positionnant comme médiateur face aux Français", explique-t-il à RTL.fr.
Cette stratégie rappelle à Pierre-Emmanuel Guigo, celle de François Mitterrand. "C'est une sorte d'aller-retour : François Mitterrand alternait des phases de silence, suivies par des phases de ré-accélération. C'est aussi ce que l'on a observé chez Emmanuel Macron, avec les trois semaines estivales de silence et cette rentrée où il a été très présent médiatiquement", note-t-il.
Mais Anne-Claire Ruel, enseignante en communication politique à l'université Paris 13 et présidente du Board, y voit plutôt une "orchestration des actions de communication plus ordonnée. Avec le G7, Emmanuel Macron a bordé l'événement".
Changement de discours réel ou actions de communication ? "Emmanuel Macron admet avoir manqué d'explication au moment de la mise en place de certaines réformes. Mais cela n'induit pas une remise en cause de son mode de fonctionnement. Le rapport avec les Français demeure abîmé. Le président de la République est en convalescence d'image", prévient Philippe Moreau-Chevrolet.
Le président de la République doit ainsi faire suivre sa communication d'actes forts. Autre critère : durer dans le temps. "Son style arrogant s'est cristallisé dans l'esprit de beaucoup de Français. Un travail de longue haleine l'attend et devra se faire sur le terrain, ce qui d'ailleurs sera un outil indispensable pour préparer les élections municipales", conclut Anne-Claire Ruel. Un discours apaisé, se voulant aussi apaisé. Ainsi, le chef de l'État enterre définitivement son début de gouvernance dite "jupitérienne", avec un chef qui décide et des ministres qui exécutent.
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