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Emmanuel Macron, le 3 août 2018 à Brégançon
Crédit : AFP / Boris Horvat
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Ses forces sont devenues ses faiblesses, les qualités du candidat Macron, les défauts du président Macron. Retour sur cette folle semaine pour le chef de l'État. Le navire tangue et les forces qui ont fait son élection sont en train de se muer en faiblesses.
Son côté conquistador, conquérant, celui qui n’a peur de rien. C’est ça qui a participé du succès d’Emmanuel Macron. C’est ce qui a impressionné, bluffé les Français. Ils ont aimé cet homme qui a su renverser la table. Sauf que voilà, cette volonté de fer, son empressement sont désormais perçus comme de la condescendance, du mépris. Les Français le disent à longueur de sondages.
Alors, ça ne veut pas dire qu’ils ont perdu confiance en lui pour réformer le pays mais ils ne supportent plus ce premier de cordée, sûr de lui, qui accorde davantage d'importance à ceux qui veulent réussir qu’à ceux qui restent, malgré eux, sur le bord de la route.
Autre trait de caractère bien trempé chez le président : son opiniâtreté, ne pas varier au gré des événements. C’était l’une des autres qualités qui ont fait la victoire du candidat Macron et la popularité des débuts du président. Ne pas faiblir, ne pas flancher en fonction des enquêtes d’opinion. Incarner une constance dans l’action associée à une verticalité du pouvoir, une vision gaullienne de son exercice.
Mais à force de penser qu’il peut avoir raison contre tous, sa ténacité est devenue aveuglement, pire entêtement. Dans l’affaire Benalla, il a cru qu’il pouvait enjamber l'événement, et ce malgré les avertissements de ses plus proches. Sur la CSG des retraités, il n’a pas entendu les mises en garde.
Même chose dans la gestion des hommes. Gérard Collomb veut partir, Emmanuel Macron refuse. Il infantilise son aîné, lui ordonne de rester comme avec un ado à qui on exige de rester à table. On connaît la suite. Macron voulait diriger, il subit.
On a aussi beaucoup dit que son jeune âge était une carte maîtresse. C'était un gage de renouvellement, de modernisation de la politique, une cure de jouvence bienvenue. Et c’est bien connu la valeur n’attend point le nombre des années. Mais l’expérience ne s’improvise pas et c’est ce qui manque aujourd’hui à ce jeune président.
Une patine qu’ont acquis ceux qui ont été élus de terrain avant de gravir les marches de l’Élysée. Pour incarner le nouveau monde, Emmanuel Macron néglige l’ancien. Trop. Par exemple, lorsqu’il considère les corps intermédiaires, les syndicats souvent, le Parlement parfois, comme des obstacles aux changements.
Et quid de cette spontanéité qui a aussi fait la réussite des débuts. Incontestablement, Emmanuel Macron a le goût du contact direct. Il aime les bains de foule, dialoguer, convaincre. Mais là aussi, il est une chose de faire campagne, de haranguer ; c’en est une autre de présider qui exige de mesurer son langage.
C’est là que le bât blesse : son franc parler s’est transformé en maladresses. Jeudi 4 octobre encore, devant des retraités, pas les plus fortunés, à qui il a conseillé de ne pas trop se plaindre. Dans le fond, il n’a pas tort, dans la forme, il se trompe. On peut parler cash sans blesser.
Mais il n’est pas trop tard. Si des atouts sont devenus des défauts, c’est bien qu’il y a une bonne base comme on dit en cuisine. Il reste donc quatre ans à Emmanuel Macron pour séparer son bon grain de l’ivraie.
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