Ce mercredi après-midi, le chef de l'État a assuré qu'il n'y avait pas de crise politique après le départ de Gérard Collomb. S'il s'agit de dire qu'il n'y a pas de crise parlementaire, que le gouvernement n'est pas menacé, il a raison. En revanche, s'il s'agit de nier qu'il s'agit d'une crise de l'exécutif, donc du gouvernement et de l'Élysée, il se moque de nous.
D'ailleurs, la preuve c'est qu'il avait entamé une contre-offensive dès son voyage aux Antilles car il se rendait bien compte qu'il était en difficulté. Cette contre-offensive était d'abord destinée à tenter de changer son image personnelle, de la rendre plus proche, plus aimable. Cela devait être suivi d'une réorganisation à l'Élysée, puis par la reprise des réformes.
Seulement, le départ de Gérard Collomb a tout cassé. Cet après-midi, l'ancien ministre de l'Intérieur expliquait que son départ n'avait rien à voir avec Emmanuel Macron et qu'il allait continuer à le servir. Tout cela, ce sont des blagues. La vérité, c'est qu'il l'a défié, qu'il l'a provoqué et qu'il l'a affaibli.
Dorénavant, Emmanuel Macron doit, dans un premier temps, remanier le gouvernement. Cela veut dire trouver une personnalité forte qui parle aux Français pour le ministère de l'Intérieur qui est l'un des plus sensibles de tous. Ensuite, il doit éviter un certain nombre d'erreurs comme celles qu'il a commises depuis trois mois, dans l'expression notamment mais aussi dans la direction des hommes. Et puis, il doit reprendre le train des réformes. S'il ne réforme pas, il n'existe pas.
Il est très difficile de surmonter une crise de cette ampleur. D'anciens présidents y étaient parvenus, mais Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont échoué. Pour réussir, il faut des résultats économiques, notamment quelque chose de visible sur le pouvoir d'achat l'année prochaine. Bref, il faut qu'Emmanuel Macron se représidentialise, voire qu'il se rebonapartise.