ÉDITO - Vote de confiance : "Une célébration collective de l'autruchisme français", selon Étienne Gernelle

Dans son édito, Étienne Gernelle revient sur ce jour de l’exécution annoncée de François Bayrou, "une excellente date pour une journée de la procrastination française".

François Bayrou, le 13 juillet 2025

Crédit : Ludovic MARIN / AFP

Le 8 septembre, une bonne date pour une journée nationale célébrant un type de procrastination bien français

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Sauf énorme et improbable surprise, on sait exactement ce qu’il va se passer ce lundi 8 septembre à l’Assemblée. À 15 heures, François Bayrou va prendre la parole, il demandera la confiance, qui lui sera refusée. Son gouvernement tombera et au final, on ne sera pas plus avancé. Le 8 septembre serait une excellente date pour une journée de la procrastination française. Une procrastination bien de chez nous.

Car aujourd’hui, jour de l’exécution annoncée de François Bayrou, est en réalité une célébration collective de l’autruchisme français. S’il y a une majorité à l’Assemblée, c’est une majorité pour repousser l’échéance, pour s’attaquer aux déficits un autre jour. Attention : cela ne veut pas dire que la seule voie possible était le plan esquissé par François Bayrou, on en est loin, très loin ! Mais le message collectif, aujourd’hui, c’est quand même : "On verra plus tard".

Les partis ont un plan pour les déficits, à ceci près qu’attendre le père Noël, ce n’est pas un plan ! Pour le RN, la recette miracle consiste à couper dans toutes les dépenses liées à l’immigration. Pour le bloc de gauche, la martingale consiste grosso-modo à faire payer les riches. Dans un cas comme dans l’autre, croire que cela peut suffire procède de la pensée magique. Quant aux LR, ils sont plus forts pour donner des leçons de vertu dans l’opposition que pour prendre leurs responsabilités quand ils en ont l’occasion.

Un choix collectif ?

La France qui n’a pas connu de budget à l’équilibre depuis 51 ans, a le pire déficit de la zone euro. Elle est surtout le seul pays de la zone euro qui n’a pas encore pris le problème à bras le corps. Nous pouvons simplement tenir encore un peu car nous sommes protégés par l’euro, c’est à dire la vertu des autres, et parce que nous sommes trop gros pour être abandonnés. Et donc, on continue gaiement, la tête dans le sable.