Un remaniement peut être politique, ou technique, contraint, ou opportuniste. Celui qui vient, et qui se fait attendre depuis deux semaines, est tout ça à la fois. Mais pour autant, ce ne sera pas un grand événement et aura une portée assez faible.
Et cela principalement à cause de la nouvelle configuration politique. En effet, le pouvoir en place n'a pas de majorité absolue, et le nouveau gouvernement n'y changera pas grand-chose, pas dans l'immédiat en tout cas, même si des maires et des élus de régions ou de départements rejoignaient en masse le gouvernement.
Que ces élus soient de gauche ou de droite, il n'est pas certain que cela apporte une seule voix de députés pour le gouvernement à l'Assemblée. Le poids des ralliements est devenu très léger, voire nul. Aucune personnalité n'embarque son parti avec lui.
Dans un second quinquennat, les perspectives de carrière sont moins alléchantes. En effet, devenir nouveau ministre aujourd’hui, ce n’est pas seulement la perspective d’avoir plus d’ennuis que de satisfactions, c’est aussi quasi-impossible d’en profiter pour voir sa carrière décoller. La plupart des ministres sont de parfaits inconnus pour les Français, et si en plus, tout ça se termine en dissolution dans un an, le risque ne vaut pas d’être pris.
Dès demain, Emmanuel Macron va recevoir les ministres qui seront sur le dossier chaud : le pouvoir d'achat. L'équipe d'Élisabeth Borne se doit, avant tout, d'être opérationnelle, ce qui ne plaide pas non plus pour les grandes opérations politiques. Aussi, des ministères ne sont pas pourvus, comme les Transports, au moment où il y a des grèves, ou sont dévitalisés, comme la Santé, au moment où l’été s’annonce compliqué dans les hôpitaux.
Les ministres qui seront choisis ou qui auront accepté de rejoindre l'équipe actuelle, le seront d'abord parce qu'ils sont immédiatement capables de gérer leurs dossiers. Et ils devront savoir affronter un parlement rugueux, pour les débutants, car c'est le nouveau lieu du pouvoir.
Alors le remaniement, même s'il ressemble au vrai point de départ du quinquennat, sera très vite oublié, comme le confie un ministre, pas sortant : "Vous ne changerez jamais la donne politique avec un remaniement".
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.