ÉDITO - Réforme des retraites : "Les syndicats sont-ils légitimes ?", demande Alba Ventura
La réforme des retraites entre dans sa dernière ligne droite parlementaire, lundi 13 mars. Deux jours plus tôt, les syndicats ne sont pas arrivés à mobiliser. Cet échec est-il un "bon" signe pour le gouvernement ? Pas si sûr, selon Alba Ventura.
Cette réforme des retraites avance vraiment, étape par étape. Et sur celles de vendredi et samedi, oui, le gouvernement peut être satisfait. D'abord, le Sénat a pu faire voter tous les articles de la loi et a voté en faveur de la réforme. Deuxièmement, la mobilisation sociale a marqué le pas, même s'il y a encore des grèves, on voit bien qu'il n'y a pas de dynamique. Moins de 400.000 manifestants, c'est quand même une contre-performance.
La réforme des retraites a été présentée le 13 janvier. Depuis, il y a eu des grèves par intermittence et perlées, mais le mouvement n'a pas pris. Nous ne sommes jamais entrés dans le dur... Et pour cause, c'est difficile de mobiliser dans un contexte d'inflation. On ne peut pas, non plus, parler de défaite pour les syndicats.
Ce n'est pas parce que le gouvernement a enregistré deux bonnes nouvelles que les syndicats ont échoué. Ce qu'ils ont réussi à faire - et de manière générale toute l'opposition toute entière - c'est laisser infuser dans les esprits que cette réforme était impopulaire, injuste et illégitime.
Impopulaire, injuste et illégitime : le triptyque des opposants à la réforme
Impopulaire, cela ne fait aucun doute. On le voit depuis le début dans les sondages. Les Français sont massivement contre cette réforme. Travailler deux ans de plus, ils ne le veulent pas, même s'ils se sont faits à l'idée que la réforme allait se faire. Le rejet est fort.
Injuste. Même si sur certains points, c'est contestable, le gouvernement a échoué à démontrer que sa réforme était équilibrée socialement, notamment en ce qui concerne les femmes. Les Français ont plutôt eu la perception d'une réforme financière et économique : ce que l'on appelle "paramétrique". Le côté social n'a pas pris. Ce n'est pas "une réforme de gauche", comme le disait Olivier Dussopt, le ministre du Travail. Une réforme vue impopulaire et injuste, c'est la victoire des oppositions. Et c'est bien une défaite pour le gouvernement.
Illégitime, c'est l'idée qu'une réforme ne peut pas être légitime si la rue est contre. Là, non, cela ne tient pas. Ce n'est pas comme cela que ça marche la démocratie. La démocratie, c'est une question de règles, de votes. Ce n'est pas parfait, mais c'est notre système. C'est comme lorsque l'on dit qu'Emmanuel Macron n'est pas légitime. Dans une élection présidentielle, il y a un élu et il y a des battus. Le président élu est légitime. Quelle que soit la