Emmanuel Macron a profité, le 8 mars, de l'hommage à la féministe Gisèle Halimi pour annoncer l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Est-ce de l'opportunisme politique pour détourner l'attention ou une vraie conviction ?
En politique, il y a toujours un peu d’opportunisme. On cherche à parler d’autre alors que la contestation bat son plein sur la réforme des retraites, ou bien on dit que l’on va faire un projet de loi constitutionnel sur l’IVG, mais l’avortement ne sera pas le seul sujet.
Ca peut être une révision globale de la Constitution dans laquelle il y a l’IVG, mais aussi par exemple la réduction du nombre de parlementaires. Tout cela n’est pas encore acté mais vous voyez bien l’opportunité. Cela dit, il est quand même difficile d’accuser Emmanuel Macron parce que c’est un sujet qu’il a demandé à sa majorité de porter, très tôt, notamment à Aurore Bergé la présidente des députés macronistes, très engagée en faveur de la cause des femmes.
Est-ce qu'inscrire l'IVG dans la Constitution va changer la vie des femmes ? On marque le symbole et on rend irréversible un droit, ce n’est pas rien. Souvenez -vous de ce que disait Simone de Beauvoir : "N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant".
On a vu aux Etats-Unis comment la Cour Suprême a remis en cause l’avortement. Alors il faut rappeler qu’en France, aucun parti politique ne conteste le droit à l’IVG, la loi Veil a été validée par le Conseil Constitutionnel. Mais "ça va mieux en l’écrivant", en gravant dans le marbre que nous ne sommes pas un pays qui reviendra sur ce droit-là.
Il y a plein de paradoxes sur le droit des femmes
Maintenant ça ne résout pas tout et en ce qui concerne les droits des femmes, il y a encore du chemin. Comme sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Il y a plein de paradoxes sur le droit des femmes. L’actualité nous en a offert quelques-uns.
Au moment où le président fait cette annonce sur l’IVG, l’Assemblée a refusé un texte qui empêche à un auteur de violences conjugales, autrement dit un homme qui frappe sa femme, de devenir député ou sénateur. Ca vient au moment où les macronistes sont accusés de faire une réforme des retraites qui n’améliore pas vraiment la condition des femmes en raison de leur maternité.
On est à un moment où l’écart de salaires entre femmes et hommes reste un combat. On progresse, mais il n’y a encore que 2% des entreprises qui pratiquent une égalité parfaite. Je vous parle des entreprises qui se sont engagées à publier l’index sur l’égalité professionnelle, toutes ne le font pas.
Nous sommes à un moment où sans les quotas, il y a toujours un plafond de verre, sans les quotas il n’y a pas de femme dans les conseils d’administration des grands groupes. Nous sommes à un moment où la charge mentale reste un attribut très féminin, puisque comme l’a révélé le site Doctissimo, 95% des rendez-vous chez le médecin sont pris par les femmes (qui prennent rdv pour les enfants, le mari, ce n’est pas parce que les femmes sont davantage malades ).
L’IVG dans la Constitution, il fallait le faire, c’est important, mais ça ne fait pas faire un grand bon aux droits des femmes, au sort des femmes.
Même si c’est aussi un signe que l’on envoie à tous ceux qui s’en prennent aux femmes, aux auteurs de féminicides et ailleurs dans le monde en Iran, en Afghanistan. Tout ça montre bien que le combat va bien au-delà de notre Constitution.
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