Alors que la réforme des retraites devrait être soumise au vote final à la fin de la semaine prochaine, il flotte une petite musique qui laisse entendre que le président n'aurait pas forcément de majorité pour la voter. Mais faut-il le croire ? Ce que vous pouvez croire, c’est qu’à l’Élysée et à Matignon, ils sont en train de calculer, de regarder de manière très fine, député par député, pour s’assurer d’avoir une majorité.
Parce que ça se joue serré, donc tout le monde est en train de compter. La majorité, c’est 289 voix. Comme 4 députés ont été invalidés, la majorité a baissé, elle est aujourd’hui à 287. Pour arriver jusque-là il faut faire le plein des voix du parti du président, Renaissance et de ses alliés Modem et Horizon. Et le plein, c’est 250 députés. Et là, pas une voix ne doit manquer. Le principe
c’est de mobiliser, au point de menacer d’exclure ceux qui feraient défaut, c’est la ligne rouge, comme pour le budget.
250 voix sur 287, vous aurez donc compris que pour avoir la majorité, il en manque 37. Ce qui veut dire qu’il faut aller les trouver chez Les Républicains et quelques députés LIOT, le petit groupe d’élus indépendants.
Normalement, ils devraient pouvoir compter sur Les Républicains, mais les LR sont très divisés à l’Assemblée. Donc tout l’équilibre des forces va reposer la semaine prochaine sur une négociation entre Républicains. L’objectif des prochains jours va être de trouver des compromis entre Les Républicains du Sénat qui sont favorables au texte même si une petite quinzaine de sénateurs de droite n’ont pas voulu voter le recul de l’âge, alors qu’ils le votent depuis 4 ans au Sénat. Et Les Républicains de l’Assemblée dont une partie, les frondeurs, ne veulent pas voter cette réforme.
Ce qui là encore est assez particulier pour un parti dont les candidats à la présidentielle proposent de repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans depuis 10 ans. Les LR aussi auront grand besoin d’une thérapie de groupe après cet épisode des retraites. Et s'il n'y a pas le compte, c’est là que le gouvernement dégaine le 49.3, ce qui serait vu comme une défaite parce que c’est tout le scénario qu’ils ont tenté d'éviter depuis des semaines pour ne pas donner d’arguments aux adversaires.
Mais vu ce qu’il se passe à droite, alors que le soutien de LR ne devait être qu’une formalité à quelques exceptions près, cela redonne un peu plus de vigueur au 49.3. D’où la petite musique selon laquelle Emmanuel Macron n’aurait pas forcément une majorité. Cela peut servir à mobiliser les troupes, mais ça peut aussi renforcer la détermination des opposants et des syndicats.