Après une campagne de premier tour, il est normal que les candidats élargissent leur propos pour être entendu par tous, et pas seulement par leur base électorale. Dans une campagne de second tour, il est tout aussi important de se différencier que de rassembler. Marine Le Pen comme Emmanuel Macron ont prévenu : c’est désormais programme contre programme.
Pour cette élection atypique à plus d’un titre, les deux candidats ne cessent de bouger leur programme. Au point qu’il faut les suivre au jour le jour, voire heure par heure. Marine Le Pen a ainsi gommé des propositions caricaturales ou totalement irréalistes.
Emmanuel Macron, à l’inverse, en a rajouté au point de friser la caricature pour séduire les électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
Tout est permis… Jusqu’au reniement. Marine Le Pen a atténué ou repoussé trois de ses idées qu’elle avait porté sans ambiguïté avant le premier tour. C'est le cas du Référendum d’initiative citoyenne. Il y a une semaine, les Français pouvaient demander le rétablissement de la peine de mort. "Dans une démocratie mature, il n’y a pas de sujets interdits", assurait-elle. À la fin de la semaine, c’était devenu impossible car probablement inconstitutionnel. Autre rétropédalage sur l’interdiction du voile dans tout l’espace public. En fin de semaine, face à une femme voilée, Marine Le Pen a assuré qu’elle ne voulait pas être obtuse là-dessus. Enfin, les éoliennes. Louis Alliot, le maire RN de Perpignan, a reconnu, dimanche, au Grand Jury RTL qu'il ne va pas toutes les démonter mais attendre leur fin de vie.
Le programme d'Emmanuel Macron a également été chamboulé. La retraite à 65 ans a été remise à la négociation au lendemain du premier tour afin que le second tour ne devienne pas un vote pour ou contre ce sujet épineux. Puis, ce week-end à Marseille, Emmanuel Macron a opéré un énorme virage écolo. Il a promis un quinquennat écologique pour une Nation écologique grâce à un Premier ministre chargé de la planification écologique. Dans son élan, Emmanuel Macron est allé jusqu’à promettre une fête de la nature qui existe déjà - ce n’est pas un petit événement confidentiel.
Emmanuel Macron n’a pas peur d’en faire trop… Il a appelé à bâtir un "avenir en commun", reprenant le nom du programme de Jean-Luc Mélenchon, après avoir repiqué le slogan d’Olivier Besancenot (NPA). Le président sortant aime les clins d’œil très très appuyés.
Ces revirements posent la question de la sincérité des candidats. Ce qui n’est bon ni pour la foi dans notre système démocratique, ni pour le quinquennat à venir. Les électeurs auront tout entendu ou ce qu’ils ont bien voulu entendre tellement il y aura de virages. La déception n’en saura que plus grande et la gouvernance plus compliquée.
Emmanuel Macron veut récupérer le vote écolo sans l’anti-capitalisme de Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen veut encore se débarrasser de quelques invraisemblances qui lui seront opposé dans le débat, mercredi soir. Il reste 4 jours pour que ça bouge encore.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.