La démocratie n’est pas un champ d’expérimentation : deux initiatives se retrouvent sous le feu des critiques. Et il y a de quoi… Il s’agit de la Primaire populaire - un étrange processus de désignation pour avoir un seul candidat de gauche - et d’une application pour téléphone Elyze - qui vous propose de vous aider à choisir votre candidat à la présidentielle façon appli de rencontre. Ces initiatives partent de très bons sentiments. Elles veulent connecter ou reconnecter les citoyens - les jeunes en particulier - avec la politique. Mais ces expériences sont pour le moins curieuses.
Le numérique est formidable. Il vous permet avec très peu de moyens de pouvoir toucher beaucoup
de monde et d’essayer des choses sans que ça coûte grand-chose. Vous pouvez tester, modifier, adapter votre processus de désignation ou votre appli très facilement. Il n’y a que le numérique qui permette cela ! Mais l’élection présidentielle est un processus démocratique qui exige un minimum de transparence. Ce n’est pas un terrain d’expérimentation, un terrain de jeu pour start-uppers.
Dans le cas de la primaire populaire, ce qui ne va pas, c’est tout le processus. D’une idée simple et simpliste - un seul candidat à gauche permettrait de gagner l’élection présidentielle - ses initiateurs en ont fait une curieuse machine avec l’idée de tordre le bras aux récalcitrants. Des électeurs - ils seraient plus de 300.000 inscrits - vont choisir qui ils soutiennent à la présidentielle parmi 7 candidats.
Mais dans la liste, trois refusent d’y participer : Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo. Des candidats malgré eux, c’est assez curieux dans un processus démocratique. C’est en fait une primaire sauvage pour tenter de tuer ceux qui ne veulent pas s’y plier comme l’a reconnu explicitement l’un de ses initiateurs. Résultat : au lieu d’avoir un seul candidat, il y aura un candidat de plus. Bref, nous sommes entre le bricolage et la manip’ politique 2.0.
L'application Elyze, elle, fonctionne comme une application de rencontre. Sauf que vous ne voyez pas défiler des photos de célibataires mais des idées. Si vous êtes d’accord avec une idée, vous la balayez d’un geste vers la droite. Si elle vous déplait, vous la balayez vers la gauche. Les concepteurs ont été totalement dépassés par le succès de leur appli truffée de bugs, pas du tout rigoureuse et très facilement piratable. Les intentions - là encore - étaient belles : amener les jeunes à la politique. Il n’y avait pas de malice mais beaucoup trop d’amateurisme.
Faut-il ne rien toucher à notre démocratie ? Non. Nos modes de scrutin ont des défauts, le fonctionnement des partis et les candidats aussi. Mais ce n’est pas en rajoutant des processus de sélection ou de
choix ni clair ni transparent que la démocratie s’en portera mieux. Les gens ne voteront pas plus grâce à des apprentis-sorciers.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.