ÉDITO - Le macronisme a "un pied dans la tombe, et un autre sur une peau de banane", pour Étienne Gernelle

Emmanuel Macron a-t-il encore un avenir politique ? Des propos chocs de Sophie Primas poussent Étienne Gernelle à s'interroger sur la fin du macronisme et son héritage.

Emmanuel Macron en Albanie, le 17 mai 2025.

Crédit : Adnan Beci / AFP

POLITIQUE - Sophie Primaz se trompe : le "Macronisme" est déjà mort depuis presqu'un an

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Ce sont des propos qui ont fait bondir les macronistes, ceux de Sophie Primas la porte-parole du gouvernement sur Cnews, "le macronisme, probablement, trouvera une fin dans les mois qui viennent avec la fin du quinquennat et du 2ᵉ quinquennat du président Macron la question est de savoir comment on rebâtit la suite”. Elle n’a pas mâché ses mots, mais le macronisme est-il vraiment mort ?

Je dirais qu’elle a un peu de retard, Sophie Primas. En tant que force politique structurante, le macronisme s’est auto-dissous le 9 juin 2024, il y a presque un an. Au lendemain des législatives, tout le monde l’a vu, chacun a repris ses billes : Horizons, Renaissance, Modem, tout le monde a repris dans les faits sa liberté, tout en continuant à cohabiter au sein du socle commun, avec LR en plus. C’est un peu comme ces couples qui se séparent mais qui continuent à vivre sous le même toit par nécessité.

Emmanuel Macron pèse-t-il encore dans la balance ?

Sauf que la présidentielle va évidemment tout changer. Chacun va jouer sa carte. En ce sens, Sophie Primas a raison. Comme force politique, le macronisme a, pour reprendre une formule de Frédéric Dard, "un pied dans la tombe, et un autre sur une peau de banane".

Du côté d'Emmanuel Macron, on ne peut pas dire qu'il ne pèse plus. D’abord, il est toujours président, et sous la Vᵉ République, cela compte et puis il pourrait bien revenir en 2032. Mais en attendant, vous allez voir, même ses héritiers les plus directs, Renaissance, vont devoir mettre des distances, appliquer une sorte de devoir d’inventaire pour avoir une chance en 2027.

Sur le sujet de l’héritage du macronisme, dans le fond, il restera certainement la dimension européenne. Sa colonne vertébrale, peut-être le seul sujet sur lequel il n’a pas varié. Politiquement, l’héritage est largement entamé. Le début du délitement, au carbone 14, c’est probablement le 3 octobre 2018, date du départ de Gérard Collomb du gouvernement. **

Le véritable inventeur du macronisme, c’était Gérard Collomb, qui avait expérimenté le dépassement du clivage droite gauche dans sa ville de Lyon et qui fut son premier soutien de poids. Mais Gérard Collomb voyait aussi la nécessité d’une diversité. Il disait qu’un parti central unique et englobant, c’était courir de voir les extrêmes au pouvoir, puisque ce serait la seule alternance.

En ce sens, Sophie Primas, en prônant le mouvement, est dans la ligne de Gérard Collomb, c’est à dire du macronisme des débuts.

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