ÉDITO - Interview d'Emmanuel Macron : "Qu'est-il venu faire dans cette galère ?", s'interroge Étienne Gernelle

Le président aura été bavard le soir du 13 mai 2025, son passage sur TF1 s’est achevé à 23h30. On peut se poser une question le lendemain : "Mais que diable est-il venu faire dans cette galère ?".

Précisons le, il n’avait pas l’air malheureux. Emmanuel Macron lors de son passage donnait même souvent l’impression d’être content de s’exprimer. Mais on se pose encore ce matin cette question : pourquoi cette émission ?

Pas d’annonce formelle et ferme de référendum, mais des réponses à des séries de questions de tous ordres, sur lesquelles il ne pouvait répondre la plupart du temps qu’avec son opinion, dans la mesure où il n’a plus de majorité, et qu’il n’est donc plus décisionnaire sur les questions de politique intérieure.

Alors il aurait pu en renvoyer beaucoup au gouvernement, mais il a mis très exactement une heure avant de mentionner l’existence du Premier ministre.

Que voulait dire Emmanuel Macron ?

Sur le fond ce n’était pas du tout inintéressant. Il faut lui reconnaître une chose, il est assez pointu sur beaucoup de sujets. Par exemple il était très à l’aise face à Sophie Binet, la patronne de la CGT. Il connaît bien ses dossiers industriels, ArcelorMittal et les autres, c’est son côté hypermnésique.

Alors il était beaucoup moins à l’aise sur la dette face à Agnès Verdier Molinié. Pas par ignorance, mais là dessus, son bilan est plus difficile à défendre. Moins à l’aise aussi sur l’économie de guerre, dont l’ampleur est discutable. Enfin globalement, il a répondu précisément, sur des dossiers sur lesquels il n’a pas la main.

Le président fait-t-il comme s’il était encore complètement aux manettes ?

"Ce n’est pas moi qui fais les textes", a-t-il dit à propos des réformes annoncées par François Bayrou. "Je ne suis pas un homme orchestre", a-t-il encore affirmé. En tout cas il a beaucoup défendu son bilan, avec des graphiques et des chiffres. Or d’ordinaire, quand un président fait cela, c’est pour se représenter. Mais il ne le peut pas…

C’est ce qui a rendu cette émission étrange. Même ses contradicteurs s’adressaient souvent à lui comme s’il avait, comme avant, les pleins pouvoirs, ou qu’il était candidat à les retrouver.

"Alors que diable allait-il faire dans cette galère ?" Cette phrase est de Molière, dans Les Fourberies de Scapin. Mais il est à craindre qu’il n’y ait aucune fourberie ou astuce ici. Simplement le constat, en creux, d’une forme d’impuissance. Et la confirmation, toujours en creux, du blocage politique français.

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