ÉDITO - Édouard Philippe cherche "à construire sa personnalité" politique, estime Alba Ventura

Ce sont les bons conseils de tonton Édouard, le budgétaire, vous avez, qui avertit alors que l'examen du budget commence aujourd'hui à l'Assemblée, "attention aux dépenses". Il est entre un Bruno Le Maire qui nous dit "chaque euro compte" et un François Fillon qui nous disait "je suis à la tête d'un État en faillite". Sur les retraites, il dit : "il faut bouger beaucoup", il entend qu'il faut reporter à 64 ou 65 ans, mais il estime que ce n'est pas assez. Pour lui, il faut faire comme l'Allemagne ou l'Italie, à 67 ans.

On comprend qu'Édouard Philippe essaie de prendre Emmanuel Macron par la droite, alors que François Bayrou maintient le président au centre. Il cherche ainsi à construire sa personnalité, à la tête du parti Horizons, qui n'a qu'un an, que les Français n'ont pas encore identifié. C'est avec ce parti qu'il vise 2027, c'est loin mais tout le monde s'y prépare.

Il cherche également à créer sa droite, celle qui n'est pas d'Éric Ciotti ou de Bruno Retailleau, qui bataille tous les deux pour prendre la tête des Républicains. Surtout, Édouard Philippe veut être vu comme un homme responsable, c'est celui qui aura prévenu. C'est toujours plus facile de dire ce qu'il faut faire quand on n'est plus aux manettes, mais c'est pour ça que l'ancien Premier ministre envoie ses cartes postales sur la gestion de nos comptes publics, la dette, sur la nécessité de faire la réforme des retraites. Sur la retraite, il est dans la continuité de ce qu'il a toujours défendu. Il s'était battu pour qu'il y ait un âge pivot à 64 ans.

Aujourd'hui, il pèse assez peu dans la macronie, les relations avec le président ne sont pas très bonnes. Il a en tête, comme les autres, qu'Emmanuel Macron ne pourra pas se présenter pour un nouveau mandat, donc son équation est de faire entendre sa voix, sans paraître déloyal. Sa fragilité, c'est que la droite se méfie de lui, la macronie aussi.