ÉDITO - Budget 2026 : "François Bayrou s'apprête à donner des devoirs de vacances", dit Étienne Gernelle

François Bayrou s'apprêterait à donner des devoirs de vacances à tous les partis politiques pour boucler le budget 2026. L'idée serait que le Premier ministre propose, autour du 15 juillet, un plan d'économie représentant la moitié ou les deux tiers de l'objectif de 40 milliards qu'il s'est fixé, et le reste serait laissé à une sorte d'appel à contributions. Certains y verront une manière de se défausser, car c'est de la responsabilité du gouvernement de proposer un budget, mais politiquement le procédé est plutôt malin. 

Pour autant, cela ne sera pas forcément efficace. On l'a vu lors des dernières discussions budgétaires avec cette avalanche d'amendements contenants des propositions baroques, des taxes pittoresques, comme celle sur les chips ou encore la niche fiscale sur les croquettes pour chiens. C'était une gigantesque "foire à la saucisse" pour reprendre une expression d'Emmanuel Macron, en 2024. 

Un avertissement de la Cour des comptes

Là, on risque fort d'avoir le même phénomène, des soi-disant économies qui sont en réalité des hausses d'impôts, des estimations fantaisistes du résultat de mesures envisagées... Tout cela arrivera, quoi qu'il se passe à l'Assemblée au moment du budget. François Bayrou prend donc les devants. Plutôt que de subir la "foire à la saucisse", il l'organise et devient le commissaire de la foire. 

Cependant, la question de la censure est toujours là. Personne n'a envie d'endosser à sa place, ou même accompagner, la responsabilité d'une mesure forcément impopulaire. C'est pourtant la seule carte dont François Bayrou dispose : tenter de faire porter à tous, par avance, une part de la responsabilité de la catastrophe financière, si elle se produit. 

La Cour des comptes a donné, mercredi 2 juillet, un avertissement contre "l'effet boule de neige", c'est-à-dire, une dette qui devient incontrôlable. En effet, l'objectif de 40 milliards n'est qu'une petite partie de l'effort à faire. L'an dernier, le déficit public était de 170 milliards d'euros. Alors, selon l'expression consacrée, c'est à la fin de la foire que l'on compte les bouses, mais on peut douter que cette foire estivale à la saucisse soit à la hauteur de l'enjeu.