L'idée qu'un ancien ministre puisse être utile est plaisante. Car durant cette période où l'on se régale de la galette des rois à la frangipane, l'amande, qui permet de réaliser cette crème emblématique, n'est quasiment plus française. Et pourtant, il y en avait des amandiers, dans le sud de la France, sur le pourtour méditerranéen.
Certains se souviennent peut-être de ces jolis arbres, aux fleurs subtiles rose pâle et ce fruit duveteux, qui renferme la coque qui protège l'amande. C'était le premier arbre qui fleurissait à la sortie de l'hiver. Mais l'épisode de gel en 1956 a fait de gros dégâts et les producteurs ont choisi d'autres cultures. Notamment parce que l'amandier est un arbre fragile, qui a du mal à lutter contre les maladies. Il nécessite aussi beaucoup d'eau.
Résultat, nos amandes viennent aujourd'hui principalement de Californie, puis d'Espagne. Nous en avons importé 47.000 tonnes en 2021, contre seulement 600 tonnes produites en France. Les galettes à la frangipane made in France sont donc rares. On imagine bien qu'Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement productif n'allait pas laisser passer cela. Il a donc créé la Compagnie des amandes avec l'un de ses amis, qui met tout en œuvre pour relancer la production.
On a souvent dit d'Arnaud Montebourg qu'il avait la grosse tête, ce ton un peu compassé avec ces envolées lyriques. Lorsqu'on le voyait, on avait toujours l'impression d'un chevalier drapé dans sa cape, prêt à porter le fer. Ségolène Royal disait d'ailleurs qu'il se prenait pour "une star de cinéma". Mais lui, au moins, a bien tourné.
Il aurait pu être embauché dans une grande entreprise du CAC 40, faire des conférences partout dans le monde. Mais il a choisi un autre business : le miel, les glaces bio, les amandes. L'un de ses projets serait de faire rouler des voitures électriques sur d'anciennes lignes de chemin de fer. Il a de la suite dans les idées. Comme quoi, on peut réussir sa remontada autrement qu'en politique.