La majorité n'aurait-elle pas sur-réagi après la dernière décision du Sénat dans l'affaire Benalla ? Tout le monde est sur les nerfs ces derniers jours. Et la susceptibilité de l'Élysée parait dure à comprendre.
À chaque rebondissement, la Macronie alimente elle-même le feuilleton. Et cela ne date pas d'hier mais des premières heures de l'affaire Benalla. Emmanuel Macron avait déjà lancé un tonitruant : "Qu'ils viennent me chercher !". Cela reste l'une des phrases les plus incroyables de ce quinquennat : un Président qui défie ses adversaires protégé derrière son immunité.
Lorsque la commission d'enquête du Sénat a rendu son rapport il y a quelques semaines, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dénoncé des contres vérités qu'il allait dévoiler. Il ne l'a toujours pas fait.
Les sénateurs ont saisi le parquet jeudi 21 mars. Et là encore la majorité a abandonné toute nuance et est sortie de ses gonds. Notamment en parlant "d'attaque d'une agressivité inédite" comme l'a fait Richard Ferrand le Président de l'Assemblée nationale ou "d'acte moralement très grave" et encore "d’infraction absolue à la séparation des pouvoirs".
Et toute la majorité réagit. Si le signalement au parquet est abusif comme le dit l'entourage d'Emmanuel Macron, le parquet va rapidement renvoyer les sénateurs à leurs soupçons.
Alors pourquoi s'énerver ?
Découvrir que les sénateurs puissent être malins ou même fourbes par moment et le découvrir aujourd'hui et s'en offusquer est d'une naïveté confondante. Les accuser de faire de la politique est tout aussi naïf.
Le sénat n'a qu'un rôle mineur voir minime dans la fabrication de la loi. Qu'il se rattrape pour justifier de son existence en faisant ces coups d'éclats, cela n'a rien d'étonnant. Mais au-delà de la naïveté il y a un réflexe de meute autour du Président. Trois de ses proches collaborateurs sont explicitement mise en cause. Mais ce qui est plus embêtant, sur le fond, c'est que la majorité donne le sentiment d'avoir un petit problème avec tout ce qui représente le début d'un contre-pouvoir.
Malmener des contre pouvoirs, ne pas en accepter ses principes, dénigrer une institution... C'est bien plus dangereux qu'une offensive de sénateurs qui pourrait faire pschitt... Cela peut aussi abîmer la démocratie.
Les sénateurs adorent ces moments de tension qui démontrent que le Sénat ne sert pas à rien. Eux aussi tentent de se protéger en créant un rapport de force avec le pouvoir exécutif. Car derrière tout ça, là aussi il ne faut pas être naïf, il y a la bataille de la réforme constitutionnelle et la réduction du nombre de parlementaires.
L'erreur de la majorité, en sur-réagissant, c'est qu'elle tombe dans le piège. Les responsables de la majorité pourraient bien faire passer les sénateurs pour les premiers opposants au Présid