Le 10 mai, ce n’était pas seulement les 40 ans de l’élection de François
Mitterrand mais nous fêtions aussi les 20 ans de la loi Taubira, celle qui a permis à
la France de reconnaitre l’esclavage et la traite négrière comme crimes contre
l’Humanité.
Pourtant ce lundi 10 mai, il ne s'est quasiment rien passé alors qu’il s’agissait un rendez-vous très
attendu. Petit rappel : Emmanuel Macron a commémoré le bicentenaire de Napoléon alors que ce dernier a rétabli l’esclavage en 1802 aboli en 1794,
alors les associations attendaient beaucoup du président en guise de
rééquilibrage.
Comme
chaque année depuis 2006 et à l’initiative de Jacques Chirac, il y a eu une
cérémonie au jardin du Luxembourg à laquelle assistaient un certain nombre de
personnalités dont Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire
de l’esclavage. Il y a eu plusieurs discours. Et au moment où chacun
s’attendait à ce que le président Macron prenne la parole. Rien, il ne s’est
rien passé, rien d’autre que le silence. Pas le genre minute de silence, pas le
silence solennel, mais le silence assourdissant. Et il est parti.
Le moins que l'on puisse dire c'est que cela a suscité des réactions ! Dans l’heure qui a suivi, Christiane Taubira a immédiatement fustigé le président de la République. Et
elle n’a pas été la seule. Une grande partie de la gauche s’est emportée elle
aussi, dénonçant un silence coupable ou encore un silence d’une grande
violence.
Alors
dans la soirée, sans doute sur les conseils de collaborateurs, Emmanuel Macron
s’est fendu d’un tweet pour préciser qu’il y a 20 ans, la France reconnaissait
l’esclavage comme crime contre l’Humanité mais sans citer Christiane Taubira.
Il ne s’agit pas là d’une simple passe d’armes entre deux politiques de
camp adverse.
Emmanuel
Macron s’est mis à dos les ultra-marins et tout de ce que la France compte de
descendants d’esclaves qu’on estime à 2,5 millions de personnes. Et au-delà
d’eux, c’est toute la communauté noire qui se sent touchée.
Tout
est politique à un an de la présidentielle ! L’historien
François Durpaire a demandé s’il y avait une mémoire de droite et une mémoire
de gauche. Ce
silence est d’autant plus incompréhensible qu’il y a deux ans lors de cette
même cérémonie, Emmanuel Macron avait fait des promesses et assuré que
l’histoire de "l’esclavage était notre histoire" et que "les conséquences de ce passé sont
toujours là". A l’époque, il disait même "chère Christiane
Taubira."
Alors
au moment où Emmanuel Macron veut se recentrer sur le régalien, qu’il y a-t-il
de plus régalien que de réconcilier un pays avec son passé ? Qu’il
y a-t-il de plus régalien que de vouloir renforcer la cohésion de la nation ? Son
silence risque de renforcer la marche du 23 mai, celle qui depuis 1998 rend
hommage aux victimes de l’esclavage. Et Emmanuel Macron, par son silence, aura
encouragé une forme de séparatisme.
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