Valérie Bacot : que devient cette "mère courage", devenue le visage du combat contre les violences conjugales ?

Le 25 juin 2021, c’est le dernier jour d’audience. L’avocat général termine son réquisitoire. Valérie Bacot, accusée du meurtre de son mari et bourreau, Daniel Polette, entend : "5 ans de prison". 

La prison, ça veut dire ne plus voir ses enfants, et ses enfants, c'est sa vie. Et puis elle voit le sourire de ses avocates. On lui explique que c’est 5 ans, dont 4 avec sursis. Si le jury suit les réquisitions, elle sera libre. 

Elle avait tout organisé, tout prévu… Sauf la clémence de la cour. Le verdict tombe tard dans la nuit : 4 ans de prison, dont 3 avec sursis. Elle est libre. Valérie Bacot retrouve les siens, après avoir vécu l'horreur. Pendant des dizaines d'années, elle a subi les coups, les violences sexuelles et la prostitution auprès de son tyran, Daniel Polette, avant de le tuer le 13 mars 2021. 

Depuis, Valérie Bacot tente de se reconstruire comme elle peut. Cette reconstruction passe aussi par le partage de son histoire, autant dans l'écriture de son livre Tout le monde savait (Fayard, 2021), que dans ses témoignages. 

Le 19 septembre 2023, elle est même décorée de la médaille de la délégation aux droits des femmes à la suite d'un discours en novembre 2021 devant le Sénat. Un témoignage fort lors duquel elle évoque la douleur de n'avoir jamais été écoutée, et la solitude dont elle a souffert toutes ces années. 

Le début d'un long calvaire

Tout commence à l'âge de 11 ans. Valérie est encore dans l’enfance quand Daniel Polette, le nouveau petit ami de sa mère, entre dans sa vie. Elle n’a que 12 ans lorsqu'il la viole pour la première fois. Il ne s’arrêtera plus. 

Personne n'est là pour porter secours à la jeune Valérie. Son père est constamment absent. Sa mère, Joëlle, est agressive, dépendante à l'alcool et aux médicaments. 

Lorsque Valérie le dénonce, Daniel Polette se retrouve en prison, la mère pleure et Valérie culpabilise. À sa libération, fait incompréhensible, il revient au foyer, et le calvaire recommence. “Je m’en fous tant qu’elle ne tombe pas enceinte”, dit la mère. C’est précisément ce qui se produit. Et Valérie devient alors la nouvelle compagne de Daniel Polette. 

Ils auront 4 enfants, tous issus de viols. Leur quotidien est fait de coups, de cris, d’insultes. Le pire est encore à venir : Daniel la force à se prostituer, à l’arrière de la voiture familiale qu’il a aménagée. Elle se désincarne. "Je suis un robot, une chose, je ne réfléchis plus."

La fin du cauchemar

Et pourtant, s'il reste en elle quelque chose de vivant, c’est l’amour maternel. Un matin, sa fille de 14 ans lui rapporte cette drôle de question que lui a posé Daniel : "Sexuellement, tu es comment ?" Valérie comprend immédiatement. 

Elle sait que sa fille sera la prochaine et ça, elle ne s’y résout pas, ça la révolte. Elle cherche une solution, tente de verser des somnifères dans le café du tyran, sans succès. 

Ce soir-là, Daniel lui a prévu une passe avec un client particulièrement sadique et violent. Il y a une arme dans la voiture, au cas où. Le rapport se passe mal, Valérie se débat, le client part. Polette est furieux, il s’installe au volant en vociférant : “tu vas me le payer !” Elle est assise à l’arrière, quasi-nue, en larmes, en sang. Il y a ce revolver à portée de main. Elle ne réfléchit pas. Elle ferme les yeux. Elle tire. C’est fini.

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