Mineur au moment des faits, Mohamed-Emine S. a été jugé par le tribunal pour enfants. Mercredi 17 octobre, il est condamné à 4 ans de prison dont deux avec sursis et une mise à l'épreuve pour son départ à Raqqa en Syrie pendant un an et demi, révèle le Centre d'analyse du terrorisme (CAT), sur Twitter.
Mohamed-Emine S. est parti avec son père Lofti et son grand frère Karim - condamnés à 8 et 10 ans de prison le 28 septembre dernier. Les trois hommes ont d'abord rejoint le groupe islamiste Ahrar al Sham puis l'État islamique, ils sont revenus en mai 2015, arrêtés par les autorités turques puis remis à la France dix jours plus tard.
S'ils ont tenté de convaincre leurs interlocuteurs pendant les différents interrogatoires qu'ils ont quitté la France pour une mission humanitaire, notamment sauver Anass B. un ami proche du grand frère parti en terre de jihad, les éléments dans l'ordonnance de renvoi au tribunal correctionnel, que RTL.fr a pu se procurer, sont éloquents.
D'abord, les témoignages de proches selon lesquels les frères se vantaient largement d'aller combattre en Syrie. Selon leur mère, avec qui ils ont gardé contact sur place, ils ont expliqué qu'ils "se devaient de combattre auprès de leurs frères au nom d'Allah".
Mais aussi, les mots clefs retrouvés dans les appareils que les deux frères utilisaient. Il est précisé que sur quelque 3.000 mots, 30 sont en rapport avec le jihad, par exemple : "sham, mécréant, armes, assaut, attaque, bombardement, cadavre, charia, juifs, Merah, munitions, terroriste, torturer, tuer..." Ces expressions ont notamment été retrouvées dans l'iPad utilisé par Mohamed-Emine et Karim.
Dans leurs recherches Google Chrome, les enquêteurs ont aussi trouvé : "la devise syrienne et le dollar, les techniques de contre-interrogatoire, mort d'un responsable de l'État islamique par drone au Yémen..." Et sur un téléphone, des photos explicites, comme un cliché des frères Kouachi, les auteurs du carnage à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
Pour sa défense, Mohamed-Emine S., ou Abou Oussama, soutient que Daesh les obligeait à avoir ce genre de documents dans leurs appareils. Une version mise à mal par une conversation tenue avec sa cousine dans laquelle il critique ouvertement l'entraînement : "C'est nul". Et lorsque ces déclarations sont trop incriminantes, il répète "ne plus se souvenir des messages", détaille le document.
Sur place, il aurait participé aux combats. C'est en tout cas ce que laisse largement entendre des extraits de ses conversations par messages. Il parle d'abord d'entraînement : "On a tiré 5 balles à la kalash".
Des photos retrouvées dans un téléphone le montrent en jihadiste armé d'un fusil d'assaut et d'une arme de poing. Un autre cliché le montre aussi avec un gilet tactique contenant plusieurs chargeurs. Le jeune nie en bloc, mais présente de nombreuses contradictions dans son discours qui ne convainc pas les juges d'instructions.
La famille aurait adhéré aux thèses jihadistes bien avant la naissance de Daesh. L'ordonnance fait état d'une "documentation jihadiste" dans le foyer, particulièrement par le père présenté par son ex-femme et mère des enfants comme un "fou extrémiste dans la pratique de sa religion" qui avait "fait miroiter une place au paradis à ses enfants". C'est même la famille S. qui serait en fait à l'origine du départ d'Anass B. en Syrie.
De nombreux documents mettent "en évidence non seulement la radicalisation ancienne mais l'adhésion de Lofti S. aux thèses jihadistes et plus particulièrement à celles d'al-Qaïda, dès le début des années 2000", précise l'ordonnance.
Sur leur retour, les enquêteurs les soupçonnent d'avoir voulu commettre un attentat. D'autant qu'à cette époque, le groupe terroriste renvoyait les Français vers l'Europe dans le but de commettre des attaques ou de s'y regrouper. La famille a été arrêtée avec, sur elle, 8.300 euros et 3.700 dollars, ainsi qu'une documentation fournie relative au pilotage d'avions et aux explosifs.
Sur un ordinateur avaient été découvertes des recherches Google Maps de l'emplacement de la Tour Eiffel et du pont d'Iéna à Paris, en plus de documents sur le 11 septembre et des indications sur le pilotage d'un Boeing.
Mohamed-Emine S., comme son frère et son père, n'a pas convaincu les enquêteurs lorsqu'il a dit être parti pour des raisons humanitaires. Il n'a pas non plus réussi à persuader le tribunal pour enfants.
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