Mort de Lina : le principal suspect, Samuel Gonin, a-t-il agi tout seul ?

Mercredi 16 octobre 2024 au matin, les gendarmes sont de retour dans la Nièvre, sur le territoire de Sermoise-sur-Loire. La raison de leur présence est tenue secrète. Ils sont à la recherche du corps de Lina Delsarte. Après quelques heures de fouille, les restes d'un corps sont repérés. La dépouille est à moitié immergée dans le ruisseau de Peuilly, un lieu caché difficile d’accès. Le corps est celui d'une jeune femme, abîmé par le séjour prolongé en plein air. Il s'agit bien de Lina, découverte à plus de 400 km chez elle.

Les enquêteurs ne sont pas surpris. Depuis des semaines, ils reconstituaient patiemment le trajet du suspect numéro un : Samuel Gonin. Le 23 septembre 2023, jour de l’enlèvement, la Ford Puma grise qu’il conduisait avait été repérée par une caméra de vidéosurveillance dans le village de Lina, à Plaine, dans le Bas-Rhin. 

Son nom était apparu dans le paysage de l'enquête au mois de juin 2024. Il avait été arrêté à son volant dans la région de Narbonne le 6 janvier, après avoir forcé un barrage des douanes à hauteur de l'aire d'autoroute de Sigean. Personne ne savait alors que Lina, recherchée dans la France entière, était montée quatre mois auparavant à bord de sa voiture.

Des traces ADN dans une voiture volée

Et pourtant, la section de recherches de Strasbourg n’a jamais cessé de travailler sur la piste des 260 véhicules repérés dans le secteur le jour de l'enlèvement grâce notamment à la vidéosurveillance. Parmi eux, figurait la fameuse Ford Puma grise introuvable, jusqu’à ce que, fin juin, les gendarmes soient informés de sa présence dans une fourrière, à Narbonne. La voiture avait été inspectée. Dans la boite à gants, le sac à mains de la disparue, du matériel de maquillage, une coque vide de portable. Dans le coffre, deux cordes. L'ADN de Lina était bien présent sur tous ces objets.

Les enquêteurs se sont aperçus aussi que son conducteur avait pris soin de déconnecter le système GPS afin qu’on ne puisse pas tracer le véhicule. Mais les spécialistes ont analysé les autres systèmes de géolocalisation embarqués dans la voiture afin d'établir une cartographie partielle de ces déplacements. 

"Il part de Montbéliard le jour de l'enlèvement, il prend l'autoroute, il va en Allemagne, il revient en France, à Plaine, il redescend dans le Morvan où il y passe la nuit, il remonte le lendemain à Nevers. C'est incohérent, relève Dimitri Rahmelow, journaliste, correspondant RTL dans la région Grand-Est. Heureusement, qu'il y a ses points GPS qui sont transmis aux gendarmes par les système multimédia car sinon on ne la retrouve jamais Lina." 

Rejoindre un complice ?

"Est-ce qu'il avait un complice ? Est-ce qu'il connaissait quelqu'un ? Cette route il n'a aucune raison de l'emprunter, remarque Yannick Olland, journaliste, correspondant RTL en Alsace. Le procureur de Strasbourg a été formel : à priori Samuel Gonin n'a aucune trace de contact avec Lina et son entourage, ni avec un quelconque habitant de Plaine. Il serait donc arrivé là totalement par hasard."

Et François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, d'ajouter : "L'enquête n'est pas encore terminé. Il faut vraiment tout balayé pour ne pas laisser à côté la possibilité d'un complice."  

Mercredi 10 juillet, Samuel Gonin, 43 ans, avait été retrouvé mort, pendu dans l'appartement qu'il retapait avec un oncle dans le quartier des Près-de-Vaux, à Besançon. Dans une lettre laissée à ses deux fils, il avait écrit: "J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité. Je dois partir, je ne sais pas me contrôler. Ça va trop vite".

Les invités de "L'Heure du crime"

- Yannick Olland, journaliste, correspondant RTL en Alsace.
- Dimitri Rahmelow, journaliste, correspondant RTL dans la région Grand-Est.
- François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, directeur du Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale et coauteur avec Jacques Pradel du livre Police technique et scientifique : le choc du futur, publié aux éditions du Roche.

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