Marseille : au cœur d'un point de deal à la cité de la Castellane

Au lendemain de la visite d'Emmanuel Macron à Marseille et du lancement de l'opération "place nette XXL", RTL s'est rendu sur un point de deal. À la cité de la Castellane, un des bastions du narcobanditisme, sept points ont été dénombrés. Démantelés, ils sont réinstallés à chaque fois. 

 
Appelés "fours", il est possible d'y acheter de la drogue, principalement du hashish sous toutes ses formes et de la cocaïne. Chacun a son nom, plus ou moins poétiques, vous avez les Ombrelles qui couvrent le haut de la Castellane, Galaxie Beinex et RDK au cœur de la cité, Leski et Le Porche dans la partie basse. 

Chacun possède sa fresque murale. Sa taille peut prouver la solidité du point de deal et Le Porche en impose avec un Batman sur fond de gratte-ciels et Gotham city inscrit en imposantes lettres jaunes. Il s'agit d'un drive, c'est-à-dire qu'il ne faut pas descendre de voiture. Dès l'entrée de la cité, il faut montrer patte blanche devant une barricade de caddies qui empêchent les intrus et surtout les policiers d'entrer trop facilement. 

Un guetteur scrute et pousse la barricade, puis il suffit de suivre les grandes flèches vertes drive. Au pied du Porche, un charbonneur, c'est-à-dire un vendeur, attend avec sa petite sacoche dans laquelle se trouve la drogue et l'argent. Sur le mur, le menu avec les produits et le prix. Ayman, alias Foufou, a été guetteur puis charbonneur. À 16 ans, il n'habite pas la Castellane mais dans une autre cité. Il détaille le menu en commençant par le mousseux, une barrette avec de petits cristaux comme de la neige.

15.000 à 20.000 euros par jour pour un point de deal

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Chaque point de deal explique qu'il a les meilleurs produits et en fait la pub sur les réseaux sociaux. Ils sont devenus de véritables entreprises, à la structure pyramidale classique. "On a les petites mains à la base qui sont corvéables à merci [...] puis, au-dessus on a les charbonneurs, les vendeurs, puis les collecteurs, puis les nourrices", explique Denis Trossero journaliste, auteur du livre Règlements de comptes à Marseille (éd. Mareuil).

Le Porche est un des fours historiques de la Castellane. Il a été fermé à plusieurs reprises, après chaque coup de filet de la police en 2013, en 2015, en 2019, en 2021, en 2022, mais à chaque fois il s'est relevé, il n'a jamais déposé le bilan. Les bénéfices du point de deal sont tellement importants que la Castellane a retrouvé sa place de plaque tournante du narcobanditisme marseillais. 

Ces bénéfices considérables sont difficiles à quantifier. "On arrive uniquement à le faire lorsque nous faisons des opérations et que nous avons la chance de tomber sur la comptabilité", explique Philippe Frizon, patron du service interdépartemental de la police judiciaire. De l'ensemble des fours de la Castellane sortiraient chaque jour entre 50.000 et 80.000 euros dont 15.000 à 20.000 pour le seul Porche. Ces biens sont gérés par les lieutenants, des caïds qui vivent souvent à l'étranger ou même parfois en prison.

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