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Marseille : un quartier se rebelle contre l’installation d’un point de deal

REPORTAGE - Les résidents des "Campanules", une cité fraîchement rénovée au sud de Marseille, occupent leur propre hall d’immeuble chaque soir depuis une semaine. Ils s’opposent à l’arrivée d’un "réseau" venu d’un quartier voisin : des dealers pour la plupart mineurs, dont les guetteurs ont moins de 10 ans.

La cité des "Campanules" à Marseille
Crédit : Hugo Amelin
Marseille : un quartier se rebelle contre l'installation d'un point de deal
00:01:57
Hugo Amelin
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Dimanche matin tout gris, le mégaphone d’Océane rugie entre les 11 bâtiments des "Campanules" : "Non à la drogue ! Non aux dealers ! On descend tous ensemble et on montre que cette cité, ils ne la prendront pas". Entre deux slogans, elle diffuse une sirène de la police de Los Angeles. Parmi les 200 personnes qui manifestent sur la grande place du quartier, Brahim s’est mobilisé toute la semaine, comme de nombreux autres pères de famille. "Ce sont des jeunes, des mineurs. Ils ont ramené le canapé, les chaises pour s’installer, cagoulés ou avec un masque covid. On sait très bien ce qu’ils font. Alors on prend leur place, on amène une table, du café, jusqu’à minuit et on les empêche de rester. On les voit rôder en scooter, ils viennent voir si on lâche le terrain", dit-il.

L’arrivée de cette petite bande dans la résidence est massive, rapide et également insidieuse : certains sont plutôt menaçants mais d’autres veulent tenir la porte aux dames âgées, les aider à porter leurs courses jusqu’à chez elles même. Océane anticipe déjà la suite : "On sait comment ça dérape la drogue dans cette ville : les armes, les règlements de compte, les allers-venus. Quand il va pleuvoir, ils vont investir le bâtiment, ils ne vont pas rester dehors. Ils vont fracturer des voitures pour s’y réfugier ou planquer quelque chose". Réhabilité récemment pour 17 millions d’euros par le bailleur Erilia, "les Campanules" ont alerté le commissariat, la Mairie de secteur, les médias. L’office HLM promet de réparer les barrières d’accès dans les 10 jours, mais n’enverra pas de vigiles, comme le réclamaient certains habitants. 

Une menace sur toute la ville

Parmi les hypothèses évoquées : un important chantier dans une cité voisine qui aurait déplacé certains petits dealers, voir une OPA de la part d’un quartier plus au nord, trop pilonné par la police. Plusieurs témoignages concordants affirment avoir vu des guetteurs de moins de 10 ans aux "Campanules". Lilian a assisté au petit manège : "Le chef du réseau leur offre une trottinette ou un vélo. Et après les petits lui sont redevables. Ils ont 8-10 ans, pas plus. La dernière fois, ils observaient ce que les policiers saisissaient lors d’une perquisition. Ils sont tous à sa botte". 

La police et la B.A.C passent chaque jour, mais les "minots" n’ont souvent aucun produit stupéfiant sur eux. Mineurs, plusieurs circulaient à bord d’une voiture il y a quelques jours et ont été interpellés pour "défaut de permis" comme le raconte le journal La Provence, avant d’être relâchés dans la foulée. Comme une tache d’huile sur la Méditerranée, le trafic de stupéfiants et son cortège de malheurs font peser une menace diffuse sur toute la ville de Marseille. De nombreuses résidences des quartiers sud se sont barricadées ces dernières années, avec portails et digicodes. Les habitants du quartier de la Pomme sont prêts à payer un peu plus de charge pour s’offrir ce type d’"enclos de sécurité". 

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Un projet qui ne ravit pas Jean-Claude, l’un des doyens de la cité : "Mettre un portail coulissant à l’entrée, je ne pense pas que ce soit la solution. Nous faisons face à un problème de société. Ces gamins, je ne veux pas les excuser, mais ils ne trouvent pas du boulot comme ils devraient en trouver, donc il y a une dérive qui se passe. Quand j’avais 17 ans, je pouvais aller faire des gâches, décharger des camions pour me faire un peu d’argent. Ce n’est pas en nous faisant travailler jusqu’à 65 ans que ça va faciliter l’accès au travail pour tous". Dans ce petit quartier, certaines mères de famille s’imaginent déjà devoir démissionner pour rester à la maison et surveiller leurs ados 24h/24h si l’embryon de trafic parvenait à s’implanter. 

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