Voici l'histoire d'un homme qui a été jugé et condamné le 9 avril 2025 à huit mois de prison avec sursis pour avoir menacé en ligne l'une des juges du procès de Marine Le Pen.
Si virulent derrière son clavier, il s'affichait comme bafouillant devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Bravache sur son téléphone, mais timide à la barre.
Le message qui a conduit cet homme au tribunal a été posté sur X. Il s'agissait de la photo d'une guillotine, accompagnée d'une légende disant "Ce que mérite cette salope".
Celle qui est ainsi désignée de manière si peu élégante, c'est la magistrate Bénédicte de Perthuis, présidente de la 11ᵉ chambre du tribunal de Paris. Depuis le jugement dans l'affaire des assistants parlementaires du RN, et depuis qu'elle a déclaré Marine Le Pen inéligible, elle vit sous protection policière.
Notre homme se faisait appeler "Francelibre2027" sur les réseaux, avec un épagneul en photo de profil et un avis tranché sur de nombreux sujets, notamment la classe politique et l'immigration.
Mais dans la vraie vie, "Francelibre2027" est Gérard. Il a 76 ans, est né en Algérie française et vit à la Garenne-Colombes dans les Hauts-de-Seine.
Le journal Libération nous apprend qu'il est retraité après avoir dirigé une société d'informatique. Il porte une chemisette à carreaux et une doudoune sans manches. Il arbore une couronne de cheveux gris et des tics nerveux déforment son visage.
À l’audience, Gérard de la Garenne-Colombes s’explique, ou du moins il essaye, mais il n'est pas très convaincant. Il affirme que la guillotine, pour lui, était "un symbole de justice". Qu’il aurait bien mis une photo de balance à la place, mais qu'il n'en avait pas sous la main. Il parle de colère, d'impulsion, d’exagération numérique pour ce message qui a été vu 200 fois à peine avant son arrestation. "Je ne pensais pas que ça avait cette importance-là, sinon je l’aurais effacé".
Mais cela n'a pas convaincu le tribunal correctionnel de Bobigny. En ligne, Gérard ne s’est pas contenté d’un seul message.
D’autres tweets visant la magistrate étaient toujours visibles hier au moment du procès. J'ai moi-même remonté son fil de publications ce matin, et 24 heures avant son passage au tribunal, il postait encore des messages homophobes dirigés contre Gabriel Attal et continuait de dénoncer, je cite, "la dictature des juges islamo-gaucho-fachos".
La salle est atterrée. La présidente du tribunal le recadre : "Les magistrats rendent la justice au nom du peuple français. Ce que vous avez écrit est grave".
Le procureur, lui, est encore plus direct : "En France, il y a des gens qui se sont faits trancher la tête. Ce genre de message, c’est une perche tendue à des gens violents ou qui auraient des problèmes mentaux".
Le verdict s'élève à huit mois de prison avec sursis, 3.000 euros d’amende. Pas de bracelet, pas de détention, mais une condamnation. On ne peut pas, à 76 ans, jouer les justiciers numériques depuis son salon et se présenter ensuite comme un papy maladroit et naïf, en espérant que cela va passer.
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