Manifestation de l'ultradroite à Romans-sur-Isère : jusqu'à dix mois ferme requis

Les 25 et 26 novembre 2023, une centaine de militants d'ultradroite venus de toute la France s'étaient réunis à Romans-sur-Isère (Drôme) pour demander "Justice pour Thomas". Dans la nuit du 18 au 19 novembre, ce lycéen de 16 ans a été mortellement blessé d'un coup de couteau à la fin d'un bal dans le village de Crépol, regroupant entre 300 et 400 personnes.

Mardi 6 février, au tribunal correctionnel de Valence, jusqu'à dix mois de prison ferme ont été requis contre neuf hommes. Après plusieurs heures d'audience, le tribunal a prononcé la relaxe de deux d'entre eux pour "participation à un groupement formée en vue de la préparation de violences", mais a condamné l'un des deux à une amende de 300 euros pour "port d'arme blanche". 

Le jugement a été mis en délibéré au 21 février pour les sept autres, poursuivis pour les mêmes chefs.

"On est là pour la violence"

Sept prévenus, âgés de 19 à 24 ans, avaient été interpellés dans la soirée du 25 novembre quand des militants cagoulés avaient tenté d'en "découdre", selon des sources policières, avec des jeunes du quartier de la Monnaie, d'où sont issues certaines des personnes mises en cause dans le drame. Les deux autres, âgés de 20 et 33 ans, avaient été arrêtés le lendemain matin lors d'un rassemblement dans le centre-ville.

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Peu diserts devant les questions incisives de la présidente du tribunal, Eléonore Laigre, ils ont tous martelé qu'ils étaient venus à Romans pour "rendre hommage à Thomas". "Pourquoi faut-il rendre hommage devant des 'assaillants'", a demandé la magistrate, reprenant les mots de l'un d'eux. "Je ne sais pas", a répondu l'intéressé, un développeur web de 24 ans. 

"Le cache-cou ?", retrouvé sur un autre. "Parce que je suis très frileux", a lâché un étudiant en master en relations internationales de 20 ans. "Il semblerait qu'il y ait beaucoup de frileux parmi vous", a tranché la présidente Laigre. 

Dans son réquisitoire, la procureure Léa Derenne a également noté qu'ils étaient tous arrivés "avec des armes et quelque chose pour se cacher le visage". "On n'est pas là pour des opinions politiques, d'extrême droite, d'extrême gauche, d'extrême centre, peu importe. On est là pour la violence", a-t-elle dénoncé.

Six jeunes déjà condamnés

En comparution immédiate, six manifestants, âgés de 18 à 25 ans, ont déjà été condamnés à des peines de six à 10 mois de prison ferme pour le défilé nocturne qui avait dégénéré en affrontement avec les forces de l'ordre. Tous ont été remis en liberté début janvier dans l'attente de leur procès en appel.

Aucun n'avait reconnu son appartenance à une mouvance politique. Des perquisitions menées après leur arrestation avaient permis de saisir différentes armes ou encore un exemplaire de "Mein Kampf", le manifeste d'Adolf Hitler. 

Pour rappel, l'ultradroite, mais aussi l'extrême droite et la droite parlementaire, s'étaient emparées de l'émoi suscité par le décès du jeune Thomas pour rebondir sur le thème de l'insécurité et des dangers de l'immigration.

Deux groupuscules d'ultradroite, la Division Martel et la Citadelle ont été dissous dans la foulée des rassemblements de Romans-sur-Isère. Une personne liée à la Division Martel "est soupçonnée d'avoir contribué à la coordination sur place" du défilé, selon le décret de dissolution.