Lucy Letby : qui est l'infirmière tueuse de bébés à l'hôpital ?

En 2017, l'hôpital du comté de Cheshire, en Angleterre, alerte la police après une série de morts suspectes de nourrissons. Les médecins ont noté un taux de mortalité inhabituel au sein du service pédiatrie : entre juin 2015 et juin 2016, une quinzaine de nouveau-nés morts ont été dénombrés, d'autres ont été sauvés in extremis.

Les autopsies indiquent que les décès ont été causés par une surdose d'insuline, par une injection d'air dans les veines ou encore par une surdose de lait. Il s'agit bien d'actes criminels. Une enquête administrative lancé par l'établissement de santé précise qu'une infirmière travaillant dans l'unité de néonatalité est toujours présente quand un bébé se trouve mal. Elle s'appelle Lucy Letby, 27 ans. La police lance alors l'opération "colibri" pour enquêter discrètement sur cette jeune femme qui a toujours donné entière satisfaction dans son travail. 

L'infirmière est finalement arrêté, mais ne comprend pas ce qu'on lui reproche. Lors de perquisitions dans sa maison, on retrouve 257 documents confidentiels provenant de l'hôpital qui concernent les morts suspectes des prématurés. Son ordinateur indique qu'elle a effectué des recherches sur les familles des petites victimes, notamment sur Facebook, au moment des anniversaires des morts des enfants. "C'est une perverse qui prenait du plaisir à voir la souffrance de ces parents", lance Emily Tibbats, spécialiste des tueurs en série.

Des preuves de sa culpabilité ?

Dans ses affaires, ils ont également mis la main sur des dizaines de petites notes manuscrites où elle y raconte ses moindre faits et gestes. Un Post-it vert, attire davantage l'attention : "Je suis le Diable, j'ai fait tout ça", est-il indiqué en lettres capitales. "Ce sont des notes qui datent majoritairement de 2016, pendant les décès des bébés, raconte Marie Billon, correspondante RTL au Royaume-Uni. Il y a ce mot "haine" qui revient souvent, "je suis le mal", "je les ai tués" et puis à côté, "aidez-moi", "je ne peux pas continuer comme ça", "tuez-moi", "je ne mérite pas de vivre". Il y a d'autres messages un peu plus compliqué "je ne sais pas si je les ai tués, peut-être que oui, peut-être que c'est de ma faute", qui installe une sorte de doute sur sa culpabilité."

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"Son avocat a dit que c'était son psy qui lui avait conseillé de coucher par écrit les sentiments, la frustration qu'elle avait après avoir été écartée du service pédiatrie, explique Emily Tibbats, invitée de L'Heure du crime. Donc on peut comprendre qu'elle ait écrit des mots comme "peur", "colère", "haine",  parce qu'elle voulait que ça sorte. Par contre, "je suis mauvaise, je les ai tués exprès", c'est beaucoup plus compromettants, mais ce ne sont pas des aveux clairs donc ça ne peut pas être considéré comme une preuve."

Mardi 10 novembre 2020, deux ans après la première interpellation, Lucy Letby, 30 ans, est inculpée pour les meurtres de huit bébés et pour dix tentatives de meurtres, mais ne reconnait rien de tout ça. Elle est pourtant jugé, deux ans plus tard, par la Cour de la Couronne à Manchester. Lors du procès, elle pleure en évoquant sa vie passée, ses deux chats, sa jolie maison... L'avocate générale fait remarquer que l'accusée pleure sur elle-même, mais dès qu'on évoque les bébés morts, les larmes cessent de couler. 

Un policier confirme que Lucy Letby était la seule personne présente lorsque les bébés ont succombé. Il ignore ce qui a pu se produire dans sa tête. "Les familles doivent accepter de ne pas savoir ce qui s'est passé", déclare-t-il. Le 21 août 2023 : Lucy Letby est condamnée à la prison à vie sans possibilité de sortie conditionnelle. Mardi 10 septembre 2024, une enquête a été ouverte sur les dysfonctionnements de l'hôpital de Chester. L'établissement s'était excusé d'avoir prévenu trop tardivement la police. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Marie Billon, journaliste, correspondante RTL au Royaume-Uni.
- Emily Tibbats, spécialiste des tueurs en série, créatrice du site internet : tueurensérie.org et auteure du livre UK Serial Killers, publié aux éditions Ring.

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