Mercredi 4 décembre 1991, le directeur d'une agence immobilière à Paris découvre Sophie Narme, son employée de 23 ans, tuée dans un appartement qu'elle devait faire visiter à un client. "J'ai été aussitôt saisi par une forte odeur, comme dans un hôpital, très probablement de l'éther", va t-il déclarer à la police. Le slip et le collant de la jeune femme sont descendus sur les chevilles, une ceinture est serrée autour de son cou et ses chaussures, des escarpins bleus, sont déposés près du corps. La victime a été violée et étranglée.
"Je suis immédiatement interpellé par le placement de ses chaussures. C'est rangé au cordeau, pointe Me Florence Rault, avocate de Marion et de la famille de Sophie Narme. C'est très inhabituel car il y a un très grand contraste entre la scène de crime d'une grande violence avec le sac vidé, les objets jetés, les bagues de la victime brisés, et à côté de ça, vous avez l'œuvre d'un maniaque, avec les chaussures."
Huit ans après l'assassinat de Sophie Narme, Marion, 19 ans, agente immobilière à Villeparisis, en Seine-et-Marne, est agressé, une lame de cutter sous le cou, par un homme lors d'une visite. À elle aussi, il fait respirer de force de l'éther, ce qui engourdit aussitôt la jeune femme. Il la déshabille avant que l'agente immobilière, totalement effrayée, lui saisissant les testicules et s'enferme à clé dans un placard. Elle y restera enfermée pendant 4h en attendant que l'homme parte. Il a d'ailleurs laissé des gouttes de sang lors de l'agression et pris soin de ranger ses chaussures.
En mai 2022, trente et un an après l'assassinat de Sophie Narme, le dossier est au pôle cold cases, sur le bureau de la juge Nathalie Turquey. Les scellés sont introuvables, mais cette dernière rapproche l’affaire à celle de Marion dont les tâches de sang ont bien été examinées : elles appartiennent à Dominique Pelicot, 70 ans. L'homme, qui a déjà fait parler de lui, n'a pas encore été jugé pour l’affaire des viols de Mazan.
Lundi 5 décembre 2022, Dominique Pelicot est interrogé par la juge : il reconnait la tentative de viol de Marion le mardi 11 mai 1999. Le suspect assure qu'il voulait simplement voir sa victime en lingerie, pas la violer. "On ne peut pas dire que je me suis levé le matin en pensant à ça", clame-t-il lors d'une confrontation organisée avec la victime. "Il arrive avec ses outils, il a un faux nom, il demande des rendez-vous, énumère le Général François Daoust. Ce n'est pas quelqu'un qui vient visiter et qui, tout d'un coup aurait perdu la tête. Il vient vraiment pour violer."
"La narration que nous fait Marion de son agression, et dans laquelle Dominique Pelicot a été confondu par l'ADN, apparait très similaire à ce qui s'est passé pour Sophie Narme. Pour moi, c'est un copié-collé confondant ", indique, au Figaro, Me Florence Rault. "Ce sont deux dossiers très parlants : en particulier le détail, si ce n'est l'élément principal, des chaussures et la façon dont elles sont positionnées, car c'est la cas aussi pour Marion", explique le Général François Daoust, ancien directeur de l'IRCGN et directeur du Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale.
Interrogé sur le meurtre de Sophie Narme, il nie tout : "Il y a des questionnements faits dans le cadre de son audition par les enquêteurs. Mais il n'y a pas eu d'audition sur le fonds de l'affaire Sophie Narme. J'espère que ça va être le cas", lance Me Florence Rault, avocate de Marion et de la famille de Sophie Narme. Pour l'heure, la police judiciaire étudie le parcours criminel de Dominique Pelicot. Cinq dossiers d'agressions sexuelles, dont un homicide, ont été rapprochés comme celui Christine, retrouvée morte le 2 mai 2000 dans son agence immobilière ou encore cette femme qui certifie avoir été agressée par Dominique Pelicot à l'âge de 12 ans au domicile de ses parents en 1995.
"Il y a certain nombre d'affaires pour lesquelles il y a des similitudes, mais ça ne veut pas dire qu'il est l'auteur dans tous ces cas, rappelle le Général François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Il y a des détails qui diffèrent comme le fait que d'autres victimes n'ont pas eu les chaussures enlevées. Les enquêteurs vont devoir faire un tri et arriver à pouvoir attribuer à Pelicot certaines choses et pour les autres, continuer à chercher."
- Me Florence Rault, avocate au barreau de Paris, avocate de Marion et de la famille de Sophie Narme.
- Général François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, directeur du Centre de Recherche de l'école des Officiers de la Gendarmerie Nationale et coauteur avec Jacques Pradel du livre Police technique et scientifique : le choc du futur, publié aux éditions du Rocher.
- Jean-Pierre Birot, ancien commissaire divisionnaire qui a enquêté sur le meurtre de Sophie Narme, auteur du livre La Crim’ qui s’y frotte s’y pique publié aux éditions Mareuil.
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