Affaire Dany Leprince : "Nous avons retrouvé un ADN masculin non identifié", indique son avocat

Dany Leprince aura attendu trente ans pour que se dessine l'espoir, encore fragile, de voir sa condamnation à perpétuité révisée. Ce jeudi 23 janvier 2025, les juges de la Cour de révision se sont saisis de son dossier pour le réexaminer, et peut-être ouvrir la porte à un nouveau procès. Jusque-là, celui que l'on surnomme le "boucher de la Sarthe", est toujours apparu comme l'homme qui avait massacré, en septembre 1994, à Thorigné-sur-Dué (Sarthe), son frère, sa belle-sœur et leurs deux petites filles. 

"Dans ce dossier, il y a tellement d'éléments nouveaux qui permettent de faire naître un doute sur la culpabilité de Dany Leprince que ce serait une grande injustice que de ne pas accepter qu'il soit rejugé", lance sur RTL Me Olivier Morice, avocat de Dany Leprince. Et ils pourraient bien faire pencher la balance en sa faveur. 

D'abord, Célia, la fille de Dany Leprince et Martine Compain, âgée de 15 ans au moment des faits, avait indiqué avoir vu son père attaquer Christian, son oncle, alors qu'elle se trouvait derrière une haie. Or, une nouvelle expertise indique que l'adolescente n'a pas pu assister à cette scène depuis l'endroit où elle se trouvait. "Ce que l'on sait de manière objective, c'est que Célia Leprince a menti. Si elle a chargé son père, c'est qu'elle a voulu couvrir sa mère (...) qui s'avère être une suspecte susceptible d'être mise en cause, suggère Me Olivier Morice. C'est d'ailleurs ce qui a convaincu la commission d'instruction puisqu'elle s'est appuyée sur le travail des enquêteurs pour dire que la version de Célia Leprince était décrédibilisée. Et à partir de ce moment-là, il y a tout un pan de l'accusation qui s'effondre."

Deux tueurs ?

Les avocats indiquent également que, contrairement à ce qui a pu être dit, Solène, la petite rescapée du massacre, n'a jamais incriminé son oncle, Dany. "On a découvert que Solène avait été expertisée par d'autres psychiatres très peu de mois après les faits. Et ces expertises-là n'ont jamais été utilisées ni par la juge d'instruction, ni produites devant la cour d'Assises. Pourtant, elles disent des choses radicalement différentes de ce qui a été conclu par une experte venue dire avec certitude que Solène avait vu les crimes perpétrés par son oncle. Elle avait deux ans", souligne l'avocat, invité de L'Heure du crime.

Dany Leprince, de son côté, regrette de ne pas avoir été entendu plus tôt, notamment lors de son procès. "J'ai été victime d'un complot. Vous imaginez ? Il n'y a pas d'empreinte de moi, nulle part, pas d'ADN, rien, et la juge d'instruction, ça ne l'interpelle pas. Elle continue dans son délire."

Et Me Olivier Morice d'ajouter : "Nous avons retrouvé un ADN masculin non identifié. Les experts sont partagés sur la question de savoir s'il y avait un ou deux tueurs, mais ils expliquent que pour transporter le corps de Christian, c'était plus simple qu'il y ait deux personnes. Il y a aussi un expert qui note que pour porter les coups et utiliser des armes tranchantes, il faut avoir une certaine dextérité. Dany Leprince, durant toute sa carrière à la Socopa, mettait des steaks hachés dans des petits sacs en plastique. Il n'a jamais été pareur à la différence de son ex-épouse (Martine Compain) qui a été pareuse et qui, elle, maniait extrêmement bien ces armes. C'est elle qui tuait les bêtes." 

Dany Leprince pourrait donc être entendu par les magistrats avant la fin de l'année 2025, avec, à la clé, un nouveau procès d'assises.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Dany Leprince, auteur avec Bernard Nicolas du livre Ils ont volé ma vie, publié aux éditions Flammarion.
- Me Olivier Morice, avocat au barreau de Paris, avocat de Dany Leprince.