Dimanche 16 juillet 2000, les pompiers de Pernes-les-Fontaines, dans le Vaucluse, sont appelés en urgence dans un mas isolé après qu'une femme a signalé qu’on venait de tirer sur son mari. Il s'agirait d'une tentative de cambriolage. Sur place, les pompiers tombent sur Edwige Alessandri, le corps en partie couvert de sang. Son mari, Richard Alessandri, 42 ans, repose nu sur le lit. Il a été touché à l'épaule gauche et au visage par un tir au fusil de chasse, à bout touchant selon les experts. L'arme du crime est introuvable.
Edwige Alessandri raconte qu'ils étaient tranquillement installés à la maison avec ses fils, Yohann, 17 ans et demi, né d'un premier mariage, et Brice 12 ans, issu de son union avec Richard Alessandri. Ils se sont couchés vers 23h30, puis l'épouse dit avoir entendu "une espèce de fracas", suivi d'une détonation, vers minuit. Elle a ouvert les yeux, puis a entendu une voix qui criait : "Merde, le coup est parti. Tirez-vous". La mère de famille a senti le sang de son époux couler. Son fils, Yohann, est alors arrivé. L'autre garçon, Brice, déclare lui n'avoir rien entendu, et aucune trace d'effraction n'a été relevée.
Les gendarmes s'interrogent alors sur la présence de terre et de brins d’herbe seulement dans l'escalier alors que les cambrioleurs auraient dû en laisser partout. Ensuite, lors des auditions, un gendarme dit avoir surpris Edwige Alessandri, qui se croyait seule, prononcer ces mots : "Il ne faut pas que je craque". Autre fait surprenant, les enquêteurs retrouvent quelques résidus de poudre de cartouche sur Brice.
"Comme Edwige Alessandri a pris une douche, elle n'a rien. Le seul qui a des résidus de tirs, c'est Brice. Et c'est ça qui interpelle évidemment tout le monde parce qu'on se pose la question de savoir comment ce garçon, qui dit qu'il est au rez-de-chaussée au moment des faits et qui s'est endormi dans le salon devant la TV, peut avoir ça ? Mais, c'est tout simplement parce qu'il a été au contact de sa maman avant que les secours n'arrivent et vraisemblablement avant qu'elle n'ait pris une douche", explique Me Marc Geiger, avocat de Brice, fils d’Edwige et Richard Alessandri.
Mardi 28 novembre 2000, après trois mois d'enquête, Edwige Alessandri, ses enfants Yohann et Brice sont en garde à vue. Ce dernier continue d'évoquer un cambriolage. Yohann, lui, bascule dans ses déclarations : le soir du drame, les parents se sont sérieusement disputés, il a entendu un coup de feu, puis a trouvé sa mère nue près de la fenêtre de la chambre, un fusil de chasse posé sur le lit. Edwige a dit que le coup de feu était accidentel.
Finalement, il se rétracte. Qu'importe, la femme de 46 ans, se retrouve devant la cour d'assises du Vaucluse, à Avignon alors que l'arme du crime n'a pas été retrouvée, qu'aucun mobile précis n'a été établi et qu'elle "n'a jamais avoué", indique un gendarme. L'épouse est condamnée à douze ans de prison, un verdict confirmé en appel trois ans plus tard, mais annulé par la cour de cassation.
Lundi 9 février 2009, neuf ans après la mort de Richard Alessandri, la veuve comparait pour la troisième fois aux assises. Ses avocats s'interrogent sur les oublis grossiers de l'enquête comme ces empreintes de chaussures non identifiées et ces mégots retrouvés sur la pelouse non expertisés. Edwige Alessandri est tout de même condamnée à dix ans de prison.
Quelques semaines après ce procès, les résultats de l'expertise ADN des trois mégots présents sur la scène de crime sont dévoilés : ils ont été fumés par un homme fiché pour cambriolages. Cette découverte, très tardive, accréditerait la version de la veuve selon laquelle un cambrioleur s'est introduit dans la maison le soir du crime. Contre toute attente, il est entendu, mais pas inquiété. Il n'y aura pas de nouveau procès, Edwige Alessandri restera condamnée à dix ans d'emprisonnement. "Je crois que l'enseignement majeur qu'on peut tirer d'une affaire comme celle-là, c'est qu'on ne part jamais d'une conviction pour arriver à des preuves, on part des preuves et éventuellement on peut se forger une conviction quand on a les preuves", conclut Me Marc Geiger.
- Me Marc Geiger, avocat au barreau de Carpentras, avocat de Brice, fils d’Edwige et Richard Alessandri, et auteur du livre Les survivants, aux éditions Mareuil, collection Jacques Dallest.
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