Cette nuit-là, c'est leur sang froid qui a permis de sauver 17 personnes de la mort. Samedi 12 novembre, il est trois heures du matin au 44 rue Pierre-Mauroy, une rue pavée du centre-ville de Lille, lorsque Thibaut Lemay rentre chez lui après une soirée entre amis. Immédiatement, il est alerté par un problème sur le mur : "il est totalement ouvert, il sort de vingt centimètres et des parties adjacentes à ce mur sont totalement bombées", se remémore-t-il.
Aussitôt, il raconte être monté en courant pour alerter ses amis "allez les gars, va falloir agir, il y a un gros problème". Lorsque ses colocataires, Gaspard et Constantin, sont rentrés plus tôt dans la soirée, le hall semblait pourtant intact. Par chance, ils sont encore réveillés lorsque Thibaut rentre. "Et là, je me suis rendu compte que la porte était bloquée", raconte l'un des colocataires qui est parvenu à ouvrir à leur ami grâce à un tournevis.
"On entendait encore quelques bruits de gravats qui tombaient, on sentait que ça continue à bouger, que ça n'allait pas s'arrêter". Inquiets, les trois étudiants en école d'ingénieur, âgés d'une vingtaine d'années, organisent une mini-cellule de crise et contactent leur propriétaire. Mais, à une heure aussi tardive, alors que personne ne leur répond, ils prennent la décision d'appeler le 18.
Huit minutes plus tard, à l'arrivée des pompiers sur place, les trois garçons font constater les dégâts dans leur résidence avant que l'évacuation ne démarre concrètement. "On est rentrés chez nos parents, on pensait juste aller se coucher et on verra plus tard", rapportent-ils. Au réveil, les trois colocs découvriront des messages inquiets de leurs proches par centaines.
Ils apprennent que leur résidence s'est effondrée, entraînant l'immeuble mitoyen qui n'avait pas été évacué. "C'est le moment où je m'effondre. Je n'ai plus d'affaires et il faut tout reprendre à zéro", se souvient l'un d'eux. Grâce à l'évacuation, personne dans leur immeuble n'a été blessé. Le corps d'Alexandre Klein, un psychiatre de 45 ans, ne sera retrouvé que le lendemain dans les décombres de l'immeuble voisin.
Pour Thibaut Lemay, qui s'est aperçu en premier du problème, leur comportement n'avait rien d'héroïque : "nous, on a juste fait ce qu'on a jugé de normal, on n'a rien fait de plus", explique-t-il. Une fois le choc de la tragédie passé, les trois étudiants ont dû se reconstruire. "Je n'arrivais pas à me concentrer, je n'arrivais pas à travailler. Je n'avais pas du tout la tête à ça", témoigne Constantin.
Aujourd'hui, ils aimeraient retrouver une colocation ensemble et sont toujours à la recherche d'un appartement avec trois chambres, "mais ça ne plaît pas à beaucoup de gens". Propriétaires, n'hésitez pas à ouvrir votre porte à ceux qui, s'ils ne veulent pas être désignés comme des héros, sont sans doute les meilleurs locataires de l'année.
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